Les cyclistes 
en veulent plus

Un nouveau collectif des usagers du vélo de la Vienne vient de voir le jour. Ces cyclistes du quotidien et occasionnels veulent peser sur les décisions politiques, en particulier celles du Département, trop timide à leur goût sur les mobilités douces.

Arnault Varanne

Le7.info

« La pratique du vélo progresse mais l’aménagement de l’espace public à ces nouveaux usages peine à avancer dès que l’on sort du périmètre urbain. » 
Le constat est sans appel, comme une sentence et un SOS adressés aux collectivités locales. VéloCité86, VélotafGrandPoitiers(*), A vélo Châtellerault et l’Association française pour le développement des véloroutes et des voies vertes (Af3V) ont choisi de porter leurs revendications de manière collective. « On fait tous le même constat, quelles que soient les communes où nous roulons, déplore Jean-Luc Guichard, porte-parole du collectif. Le membre actif d’A vélo Châtellerault aurait, par exemple, aimé un Plan vélo plus ambitieux dans le Nord-Vienne, où ont été annoncées dix-sept nouvelles pistes cyclables pour 16,8M€. Le diable se niche parfois dans les détails car l’association aimerait que des arceaux de stationnement vélo soient installés dans les communes.

« Comment je fais 
à vélo ? »

« Quand vous voyez qu’à l’Arena, rien n’a été prévu... », soupire Sylvain Demer, membre de VélotafGrandPoitiers. Les adeptes de la petite reine pourraient multiplier les exemples à l’envi, ici à Saint-Benoît où il manque 2km pour assurer la continuité avec les Vallées du Clain, là à Vouneuil-sous-Biard où, « en l’absence de panneaux de signalisation », des piétons marchent le long de la Départementale, ou encore à Fontaine-le-Comte, où une route départementale dissuade de pédaler. « Le vélo démarre à l’échelle des hameaux, des bourgs, avec une question : comment je fais à vélo ? Pas forcément pour aller au travail, mais à la boulangerie, au collège... » Tous reconnaissent qu’il manque un chef d’orchestre : 
le Département. « C’est le bon échelon pour insuffler une politique cohérente », insiste Jean-Luc Guichard.

« Le Département 
n’a pas la compétence »

En 2023, la collectivité a prévu d’investir 727 500€ dans quelques opérations : la poursuite de l’aménagement de la V94 reliant la Brenne aux Deux-Sèvres via Saint-Savin, Chauvigny, Poitiers et le Mélusin, celle de l’aménagement du Chemin d’Aliénor, permettant de relier la Loire à vélo et le chemin de Ligugé à la Scandibérique (EV3), l’aménagement d’une piste cyclable à Civaux sur l’itinéraire de l’Eurovéloroute n°3 sur 3,5km, le démarrage du balisage de la V41 Saint-Jacques à vélo... « Il faut ajouter à ces opérations les aides Activ’ d’une vingtaine de millions d’euros, précise Alain Pichon, président du Département. Mais ce sont aux communes d’enclencher les projets. Le Département n’a pas la compétence. Les Régions et les communautés de communes sont les autorités organisatrices des mobilités. »

Le collectif d’usagers balaie l’argument et présente l’Ille-et-Vilaine comme un modèle. 
« Là-bas, 70M€ vont être investis en sept ans. » En Vendée, le président du Conseil départemental a prévu d’injecter 35M€ jusqu’en 2028, la Gironde veut atteindre les 1 000km d’aménagements cyclables en 2030... 
« Je suis prêt à recevoir le collectif et à regarder avec eux ce qu’on peut améliorer », conclut l’élu. La main est tendue.

(*)L’association a présenté la semaine dernière une nouvelle carte des itinéraires cyclistes en temps et en distance à l’échelle de Grand Poitiers. A retrouver sur le site velotafgrandpoitiers.org.

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