Cinq espèces sur liste noire

Les Espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (Esod) sont définies, pour chaque département, par arrêté ministériel tous les trois ans. La nouvelle liste sera dévoilée courant juillet. Dans la Vienne, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) exprime son mécontentement.

Le7.info

Le7.info

Tous les trois ans, le ministre de la Transition Écologique définit une liste d'êtres vivants pouvant être chassés en dehors des périodes de chasse, mais aussi piégés et déterrés. Leur tort ? Ce sont des Espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (Esod). Chaque département effectue sa propre liste, puis l’envoie au ministre qui prononce l’arrêté. Pour la Vienne, les Esod sont les mêmes qu’en 2019 : le renard roux, la fouine, l’étourneau sansonnet, la corneille noire et le corbeau freux. Depuis le 15 juin et jusqu’à jeudi, une consultation publique en ligne est ouverte sur l’arrêté. Plusieurs associations de défense des animaux appellent à voter contre cette mesure en dénonçant les milliers d’êtres vivants chassés avant d’avoir causé des dégâts.

Les espèces sont sélectionnées en fonction de quatre critères : 
atteinte à la santé, aux activités agricoles, à la faune sauvage et aux propriétés. Dès que le montant des réparations dû au passage d’un animal dépasse les 10 000€, celui-ci peut être considéré comme Esod. Il faut également qu’au moins cinq cents spécimens de l’espèce aient été « prélevés » dans l’année par les chasseurs. Les espèces ne peuvent être classées Esod que si toutes les mesures « préventives » ont déjà été appliquées sans succès. L’Etat souhaite « réguler afin de limiter les perturbations et dégâts qu’elles peuvent provoquer ».

Besoin d’Esod 
dans la Vienne ?

L’étourneau est l’une des cinq Esod de la Vienne. Son « crime » : manger les graines des cultures. La fouine arrive deuxième sur la liste, coupable d’engendrer des dégâts dans les maisons individuelles, en grignotant l’isolation. Selon Daniel Gilardot, conseiller territorial de la Ligue pour la protection des oiseaux Poitou-Charentes, l’animal « effectue un dégât par commune et par an ». 
On lui ferait donc un mauvais procès. Même chose pour le renard, accusé de transmettre des maladies et de manger des poules domestiques et autres gibiers de chasse. Le corbeau et la corneille sont, eux, dans l’œil du cyclone à cause de dégradations sur les cultures.

Les associations de protection de la nature sont drastiquement opposées au futur arrêté. Pour Daniel Gilardot, seules les statistiques des dégâts des Esod sont prises en compte, et non leur rôle dans la biodiversité. D’après l’expert, d’autres solutions sont possibles : effarouchement sonore ou visuel, renforcement des enclos chez les particuliers... « Cela permet à des gens de chasser à toutes les périodes de l’année », affirme-il. Interrogé, le directeur de la Fédération des chasseurs de la Vienne préfère « ne pas entrer dans la polémique ». Maxence Ronchi considère qu’il fournit à l’administration des 
« statistiques objectives ».

Axel Brevière 

DR Fabrice_Cahez-LPO

À lire aussi ...