Tiphaine Véron, 
le combat intime

Dans L’Air mouillé, la réalisatrice Cécile Juan porte un regard ami sur le combat mené par la famille de Tiphaine Véron, disparue en juillet 2018 au Japon. Le documentaire sera diffusé en avant-première jeudi, à Poitiers.

Claire Brugier

Le7.info

Quand elle a fait sa valise pour partir à Nikko en octobre 2018, Cécile Juan n’a pas réfléchi. Tiphaine Véron n’avait plus donné de nouvelles depuis le 29 juillet et son amie d’enfance ne s’imaginait pas ailleurs qu’auprès de ses proches, sur ses traces, au Japon. « Un an après, on a dû déménager l’appartement qu’elle louait à Poitiers et j’ai commencé à filmer. C’était comme un élan vital pour garder une trace, quelque chose d’intime qui n’a pris forme que plus tard. Je filmais tout ce qui m’évoquait Tiphaine, quelque chose dans la rue, l’exposition d’un artiste qu’elle aime… C’était ma façon d’être avec elle. » Et puis la réalisatrice a laissé Jean-Marie Gigon plonger son regard de producteur dans ces images.

En 2022, Cécile Juan est retournée au Japon, caméra au poing cette fois, aux côtés de Damien et Sibylle Véron, les frère et sœur de Tiphaine. Ainsi est né L’Air mouillé, à découvrir ce jeudi en avant-première au CGR Castille, à Poitiers. Dans ce documentaire, la réalisatrice a souhaité « montrer ce qu’on n’a pas l’habitude de voir de ce genre de combat, le regarder de l’intérieur », avec pour toile de fond l’enquête et, en voix off, ses propres réflexions. « C’est tellement intime. Moi aussi j’ai cheminé dans ce film pendant cinq ans. »

L’absence et la présence

Des quelque 80 heures de rushs, Cécile Juan n’a gardé que 76 minutes. « La plus grande difficulté au montage a été d’incarner l’absence de Tiphaine, car elle est tout aussi absente que présente. Il était important d’atteindre cette justesse-là. » Et de témoigner d’un combat qui n’a jamais cessé.


Du 15 juillet au 5 août prochains, accompagné de son amie Marie-Astrid Albert, Damien Véron va une nouvelle fois rallier Nikko. Ce voyage, qui aura pour point d’orgue l’inauguration, le 29 juillet, d’une statue à l’effigie de Tiphaine, va notamment être l’occasion de renconter les autorités locales, les enquêteurs privés, la communauté française ainsi que les anonymes qui aident la famille. 
« A la suite de la prise de parole du gouverneur de Tochigi en 2023, des volontaires japonais nous ont permis d’accéder à des documents auxquels seuls les Japonais ont accès, comme des rapports de recherche, des informations sur les corps retrouvés… Nous avons aussi reçu des images de vidéo-surveillance… » Avec le lancement dès la fin du mois d’un site en japonais, Damien Véron espère lever la barrière de la langue pour faciliter ces témoignages, en attendant des avancées judiciaires, notamment du côté du Pôle cold case de Nanterre. « C’est un peu frustrant. On sait qu’une commission rogatoire internationale est en ce moment au Japon mais il serait intéressant de pouvoir échanger. » Avec le soutien de personnalités politiques locales, le frère de Tiphaine ne désespère pas d’obtenir un entretien avec Emmanuel Macron et, à très court terme, de voir le Président de la République évoquer l’affaire lors du G7 (15-17 juin, Canada). Et ce alors que l’ONU s’apprête à déposer une nouvelle demande -la cinquième !- de coopération franco-japonaise dans le cadre de l’enquête.


L’Air mouillé, de Cécile Juan, en avant-première jeudi à 20h au CGR Castille. Entrée gratuite, sur réservation sur HelloAsso. En ligne à partir du 18 juin sur sanosi.live.

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