Sylvie Vauclair : « Le Soleil résonne en Sol dièse »

L’astrophysicienne de renommée internationale Sylvie Vauclair sera à l’Espace Mendès-France le 19 juin pour une conférence intitulée L’Univers et nous. L’occasion de prendre du recul sur la place de l’Humanité dans le cosmos.

Romain Mudrak

Le7.info

Votre conférence aborde le comportement des étoiles et des planètes de manière simple. Vous en tirez des réflexions philosophiques importantes. Quelle est votre ligne directrice ?
« L’astrophysique est le point de départ. Je décris l’évolution des connaissances en la matière. J’explique le travail des astrophysiciens et les moyens dont ils disposent. On a découvert énormément de choses sur l’espace, qui nous amènent d’ailleurs toujours de nouvelles questions. C’est la science. Ces avancées ont été très rapides. Elles ont modifié la pensée humaine. L’Homme au centre de l’univers, c’est terminé ! On sait maintenant que la Terre est si petite et que le système solaire est si jeune dans l’histoire de l’univers. Si tout le monde en avait conscience, nous ferions preuve de plus d’humilité, de moins d’ego. L’éducation s’avère importante pour la survie de l’Humanité. »

Vous participez à de nombreuses actions de vulgarisation scientifique sur vos sujets de prédilection. Qu’est-ce qui vous anime ?
« J’estime qu’il n’y a aucun intérêt à posséder des connaissances si je ne les partage pas. Je suis enseignante avant tout. C’est réjouissant de voir des gens et des enfants s’éveiller à de nouvelles matières. J’espère leur donner envie d’en savoir plus. Sans aller dans les calculs compliqués, tout le monde peut se représenter les résultats obtenus par les scientifiques. Je participe souvent à des rencontres alliant science et art, comme ce sera le cas à Poitiers. Les artistes permettent de se représenter l’évolution de la société et des idées. La musique aussi offre une approche sensorielle des choses. J’ai publié un livre intitulé La Symphonie des étoiles. »

A ce propos, vous dites que le Soleil possède sa propre signature musicale. Comment êtes-vous arrivée à ce constat ?
« Notre étoile est une grosse boule de gaz chaud. L’énergie est transportée du cœur à la surface par rayonnement puis par convection, ce qui provoque des bruits, comme de l’eau qui boue. Ces mouvements créent donc des ondes sonores qui s’amplifient. Il s’agit d’un ensemble d’harmoniques, comme dans un instrument. Evidemment, ces ondes ne se propagent pas dans le vide de l’espace mais elles provoquent des variations de lumière dans les régions extérieures de l’étoile que l’on peut observer depuis la Terre. On en déduit un spectre acoustique qui est très grave vu la taille de l’instrument. Le Soleil mesure 700 000km de rayon ! Pour le rendre audible, il faut le transposer de sept octaves. On aboutit alors à un Sol dièse dans la gamme musicale qui est la nôtre actuellement, avec un diapason en La à 440 hertz. Au-delà de cet aspect, l’étude des vibrations des étoiles est très important en astrophysique pour comprendre de quoi elles sont constituées. »

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