Jean-Claude Miot. Passeur de flamme

Jean-Claude Miot. 79 ans dont quarante-sept de bénévolat. Enfant de la campagne, façonné par les valeurs du sport. Professeur d’électrotechnique, devenu éducateur puis dirigeant. Médaillé. Croit que le sport peut changer des vies.

Pierre Bujeau

Le7.info

Le sport n’a plus aucun secret pour celui qui lui a dédié sa vie. Fondateur du Comité départemental de golf de la Vienne, président de la Maison des sports, dirigeant d’un club de foot… Le curriculum vitae est long, sa filiation avec sa passion l’est tout autant. Dans la bouche de Jean-Claude Miot, trois mots reviennent inlassablement comme 
un refrain : transmission, sport et engagement. Un savant mélange qui l’a mené jusqu’à son Everest : la médaille d’or Jeunesse et Sports décernée par le ministère des Sports. Distinction obtenue pour ses 20 ans de bons et loyaux services à la vie associative poitevine. L’ancien prof salue cette distinction mais revient vite à la réalité. « Il reste encore du chemin avant que notre société devienne vraiment sportive. » Car s’il se réjouit de cette reconnaissance, il déplore que l’activité physique soit trop souvent reléguée au rang de « variable d’ajustement » 
par les pouvoirs publics. Lui qui a arpenté les terrains de foot du district dans sa première vie d’entraîneur et les greens par la suite est convaincu de toutes les vertus du sport, tant en termes d’inclusion sociale que de santé. « Regardez-moi », s’amuse le septuagénaire, pas vraiment décidé à s’adonner quotidiennement au combo canapé-télé. « Sauf pour regarder le Tour de France », s’amuse-t-il. 


Les racines de l’engagement

L’histoire de Jean-Claude est celle d’un petit garçon de la campagne. Trop bon pour être vu comme un cancre, trop moyen pour être considéré parmi les têtes de classe. Si l’élève est rêveur, le footballeur, lui, est assidu. Toujours présent pour revêtir la tunique du club de l’AS Saint-Maixent, dans les Deux-Sèvres. Son enfance se partage alors entre chamailleries fraternelles et instants d’insouciance, rythmée par les cris du jeu et les silences du monde rural. Puis survient un drame. Son père, pilier de la maison et figure d’autorité, disparaît brutalement. Jean-Claude, contraint de grandir trop vite, devient la figure paternelle du foyer « On n’a jamais roulé sur l’or… et après sa mort, c’était encore pire », confie-t-il. De son père, militaire, il garde un héritage immatériel : le sens du devoir, la rigueur, la solidarité. Mais aussi les compétences acquises dans son costume de responsable. Préparer un discours, tenir la parole devant un groupe, faire preuve d’autorité : autant de leçons apprises dans l’ombre paternelle et qui traceront son chemin. 


« J’ai côtoyé des gamins de quartiers populaires qui ont été sauvés par le sport. »

Devenu professeur d’électrotechnique au lycée Louis-Armand, à Poitiers, il transpose ce sens du collectif dans son métier. Sur les bancs de la classe ou sur les carrés verts, la transmission devient sa ligne de vie. Son engagement dépasse bientôt le gazon. Entre 1995 et 2001, Jacques Santrot, maire de Poitiers, lui confie un mandat de conseiller municipal. Dans l’arène politique aussi, il plaide pour ce en quoi il croit profondément : les vertus éducatives et sociales du sport. Cette vocation, il l’avait déjà pressentie lors de son service militaire, à 21 ans. Sa bonne condition physique lui vaut d’encadrer de jeunes recrues. Une révélation. « J’ai découvert la pédagogie en même temps que la France profonde. Celle des agriculteurs qui mangeaient sur leur pantalon, celle de l’alcoolisme, celle des gamins prêts à basculer du mauvais côté. » Cette diversité, il la retrouvera plus tard sur les terrains de l’ASA Couronneries, où il passera deux décennies. 


Transmettre

« Claude Brunet ? Je lui dois beaucoup. C’est lui qui m’a ouvert les portes du club et du métier d’éducateur. » Il prête 
« allégeance » pendant vingt ans à l’Association sportive et amicale du quartier des Couronneries. Vingt ans d’entraînements, de matchs et, surtout, d’humanité. « J’y ai côtoyé des gamins de quartiers populaires qui ont été sauvés par le sport et par l’implication de leurs éducateurs. C’est là que j’ai compris, vraiment, que le sport avait un rôle essentiel à jouer dans la société. » Convaincu que l’activité physique est un outil d’émancipation, il s’ouvre à un autre horizon : le golf. Discipline réputée élitiste, il choisit d’en faire un vecteur de démocratisation et fonde, en 2000, le Comité départemental de la Vienne. Fidèle à sa fibre du partage, il y voit une manière d’emmener les jeunes hors des halls d’immeuble et loin du béton. « Le golf permet de tisser des liens étroits avec l’environnement. Mon objectif, c’était de sortir les jeunes et de leur offrir cet espace de respiration. » Se définissant comme profondément humaniste, Jean-Claude se bat pour que cette jeunesse à qui l’on promet trop souvent le city-stade trouve ailleurs une voie, une ouverture, une reconnaissance. Mais derrière l’éducateur et le dirigeant, demeure aussi le pratiquant insatiable. Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle parcouru seul en 
cinquante-cinq jours, ascension du Mont-Blanc, Vélodyssée -1200 kilomètres à vélo entre Roscoff et Hendaye- et trois marathons. Ses multiples mandats de dirigeant sportif ne sont qu’une facette de cet engagement, toujours tourné vers l’autre. Jamais lassé des responsabilités, l’infatigable porte-drapeau du sport poursuit aujourd’hui son œuvre au sein du Comité départemental olympique et sportif de la Vienne. Là, il met au service des autres son expérience et ses convictions, plaidant sans relâche pour l’importance du bénévolat, qu’il considère comme le « ciment de notre société ». Transmission, sport, engagement, vous avez dit ?

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