Le CNRS, l’université de Poitiers et le groupe Orano ont initié de longue date une collaboration autour des enjeux environnementaux du cycle minier de l’uranium. Un laboratoire commun vient de voir le jour.
Nom de code : M-Cube, comme Milieux et matériaux en contexte minier. Fonction :
« Mettre au point des solutions pour une exploitation toujours plus responsable des mines d’uranium, de l’exploration jusqu’au réaménagement. » Le 18e et dernier-né des LabCom -laboratoires communs- de l’université de Poitiers et du CNRS concerne une entreprise de renommée mondiale indispensable au fonctionnement des centrales nucléaires. Orano, c’est son nom, emploie 17 000 personnes dans le monde et collabore en réalité depuis trente ans avec les chercheurs de l’Institut de chimie des milieux et matériaux de Poitiers (IC2MP).
« Nous sommes présents au Gabon, au Canada, au Kazakhstan, en Mongolie et nous faisons de l’exploration en Australie, au Botswana », détaille Michael Descostes.
Les partenaires s’apportent mutuellement. « Nous avons besoin de l’expertise des chercheurs et, en même temps, l’université doit répondre à des enjeux sociétaux et industriels »,
prolonge le responsable R&D environnement d’Orano Mining. En pratique, Emmanuel Tertre, professeur en géochimie environnementale, et ses collègues de l’équipe HydrASA
« développent des équipements de pointe capables de cartographier la radioactivité naturelle dans les roches et certains matériaux issus des activités humaines, tels que des résidus de traitement ». La visualisation des éléments radioactifs s’effectue à l’échelle du micron.
Exemplarité
In fine, pendant les quatre prochaines années, leur but consistera à « mieux prédire la mobilité de l’uranium et ses descendants dans les formations géologiques qui sont ou ont été exploitées ».
Des échantillons de roches en provenance des gisements étudiés par Orano passent entre les mains des chercheurs poitevins. « Nous n’exploitons pas de gisements tant que nous n’avons pas prévu comment nous réaménagerons les sites. On se doit d’être exemplaires », assure Michael Descostes.
Orano consacre 20% de son budget dédié à la R&D au volet environnemental. Preuve de sa volonté de réduire son empreinte, malgré l’augmentation des besoins en uranium liée à l’accélération du parc nucléaire. En ce sens, le LabCom M-Cube a de beaux jours devant lui. La collaboration autorise d’ailleurs les étudiants de l’université de Poitiers à mener à bien leurs travaux de thèse.
« Orano nous permet, grâce à ses nombreux sites, d’avoir accès à des jeux de données à partir desquelles nous pouvons nous pencher sur la réhabilitation d’autres sites »,
conclut Emmanuel Detertre.
DR