Le microcrédit 
pour les talents étrangers

Les créateurs d’entreprise de nationalité étrangère rencontrent plus de difficultés que les autres dans leurs démarches. Acteur du microcrédit, l’Adie leur propose un soutien spécifique.

Romain Mudrak

Le7.info

Les entrepreneurs de nationalité étrangère « ont autant de talent que les autres, mais ils rencontrent plus de freins dans leurs démarches ». Stéphane Guibert sait de quoi il parle. 
20% des porteurs de projet financés et accompagnés par l’Adie, dont il est le responsable territorial pour la Vienne, ont choisi de développer une activité ici alors qu’ils sont nés dans un autre pays. Et il va plus loin dans son constat : « La plupart n’ont ni capital de départ, ni accès au crédit traditionnel parce qu’ils n’ont pas d’historique bancaire, ne parlent pas bien le français ou rencontrent des difficultés administratives. »
 Ali Raza a cumulé ces trois contraintes quand il a voulu créer son propre restaurant à Poitiers en 2013. Arrivé du Pakistan quelques années plus tôt, il avait encore du mal à maîtriser la langue de Molière. Des contrats d’intérimaire dans la restauration ont renforcé son expérience. Avec son épouse aide-soignante, ils ont mis de côté un peu d’argent mais pas de quoi convaincre les banques traditionnelles. « J’avais besoin de 30 000€ pour trouver un local, acheter du matériel d’occasion pour la cuisine, des tables, des chaises, recruter un salarié... »

Le financement est venu de l’Adie complété par l’Etat (Nacre), la Région et... la communauté pakistanaise locale. Au bout d’un an de galère, il a pu ouvrir les portes de Bolly Food, rue Edouard-Grimaux à Poitiers. « A priori, on fonctionne sur un principe de confiance, reprend Stéphane Guibert. On l’a interrogé sur son parcours mais on ne lui a pas demandé de fiche de paie ou de diplôme. » 
En 2024, l’Adie a financé 
466 projets en Nouvelle-Aquitaine à hauteur de 4 300€ en moyenne (soit 2,27M€ au total). Tout en leur proposant un accompagnement spécifique.
 « J’ai suivi les formations à la gestion d’entreprise, poursuit Ali Raza. Et pendant trois ans, une ex-comptable à la retraite a suivi mes comptes bénévolement au nom de l’Adie. » Comme elle, ils sont une vingtaine d’anges gardiens à transmettre leurs savoir-faire. L’Adie a interrogé ses bénéficiaires étrangers : sept sur dix se sentent « mieux intégrés à la société française » et 65% estiment que leur situation financière « s’est améliorée ». De son côté, Ali a vu ses affaires progresser « petit à petit ». En août dernier, il a même pu devenir propriétaire de l’immeuble qui abrite son restaurant.

À lire aussi ...