Rachel Bray : « Arriver à protéger les victimes »

Rachel Bray a pris ses fonctions de procureure de la République de Poitiers début septembre. Avec déjà un fléau à endiguer. Les violences intrafamiliales représentent 60% des gardes à vue en zone police.

Arnault Varanne

Le7.info

Mardi dernier, collectifs et associations féministes ont échangé avec le préfet de la Vienne pour lui faire part d’un certain nombre de dysfonctionnements dans l’affaire Inès Mecellem, tuée par son ex-conjoint le 8 septembre à Poitiers. Le suspect est toujours en fuite et la procureure de la République confirme qu’une « action véritable et importante » est 
en cours pour le retrouver. Rachel Bray a elle-même initié un rendez-vous avec le collectif du 8 mars et d’autres associations, dès le 19 septembre. « Ce sont des partenaires essentiels et je trouve qu’on ne se parle pas assez. J’ai fixé une nouvelle rencontre le 28 novembre », explique-t-elle. Soit deux jours après la table ronde qui doit réunir collectivités, services de police, justice et de l’Etat pour éviter qu’un tel drame se reproduise (Le 7 n°699). 


75 téléphones 
grave danger

Sans s’appesantir sur ce qui a conduit à la mort d’Inès -« il y a deux instructions en cours(*), je suis tenue à un devoir de réserve »-, la nouvelle procureure de la République de Poitiers appelle à « un décloisonnement » 
dans les affaires de violences intrafamiliales (VIF). « Toutes les informations que nous pouvons recueillir sont essentielles dans la prise de décision. Il faut avoir une vision à 360°. » 
N’empêche, l’explosion des VIF ne facilite la tâche ni des enquêteurs ni du parquet. Le chiffre est édifiant : 60% des gardes à vue en zone police concernent des violences intrafamiliales. « En 2021, nous avions une flotte de huit téléphones grave danger (TGD). Nous sommes à 75 aujourd’hui. Mais ce n’est pas l’alpha et l’oméga. On ne peut plus travailler de la même manière. Et le TGD n’est qu’un téléphone, il ne pourra pas empêcher tout passage à l’acte. »

Rachel Bray appelle toutefois à « repenser nos façons de travailler, de nous organiser afin de traiter les situations au mieux ». « On ne peut pas dire que tout va bien alors même qu'une personne est morte. On se doit de se donner tous les moyens pour arriver à protéger les victimes », insiste l’ex-procureure adjointe au parquet de Bordeaux.

(*)De la part de l’Inspection général de la police nationale et de l’Inspection générale de la justice.

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