Matériaux biosourcés : la révolution verte

Les matériaux biosourcés bousculent le marché de l’isolation. Plus écologiques et performants que les isolants classiques, ils restent toutefois plus coûteux et leur développement dépend encore largement des aides publiques.

Pierre Bujeau

Le7.info

Ouate de cellulose, laine de bois, liège ou textile recyclé… Il y a encore une dizaine d’années, ces matériaux « verts » 
ne représentaient qu’une infime part du marché. Aujourd’hui, ils s’imposent comme une alternative crédible -et de plus en plus plébiscitée- aux isolants classiques. « La filière a changé d’image, et avec elle, les mentalités des particuliers »,
 souligne Julien Hermouet, charpentier et isolateur spécialisé dans les matériaux biosourcés(*). En quelques années, la progression est spectaculaire : les matériaux biosourcés sont passés de 1% du marché de l’isolation en 2016 à 11% en 2023.


Une évolution rendue nécessaire dans un secteur parmi les plus énergivores : le bâtiment représente à lui seul 23% des émissions de gaz à effet de serre en France. Face à ce constat, le législateur s'est penché sur des mesures concrètes. Dans le cadre de la loi Climat et Résilience, au moins 25% des rénovations lourdes (isolation, façades, systèmes énergétiques…) et des constructions publiques devront intégrer des matériaux biosourcés ou bas-carbone. Et cela à partir du 1er janvier 2030.


Quelle alternative ?

Alors, particuliers et acteurs du bâti s’orientent vers des alternatives à l’éternel polyester autrement appelé laine de verre. « On note beaucoup de ouate de cellulose (papier journal recyclé). C’est l’un des isolants les plus utilisés pour les combles perdus, précise Guillaume Leduc, éco-conseiller au Point Info Energie de Grand Poitiers. Pour les murs, c’est plutôt la laine de bois qui recueille les faveurs des particuliers. » Un choix devenu logique au vu du confort garanti lors des fortes chaleurs. Leur pouvoir de déphasage est éprouvé lors des fortes températures. Concrètement, 30cm de laine de verre laissent passer la chaleur au bout d’environ 4 heures, quand 30cm de ouate de cellulose résistent 9 heures, 12 heures 
avec de la laine de bois. Autre atout : ils laissent respirer les murs. Sur une maison en pierre, un isolant à base de textile recyclé permet d’évacuer l’humidité, là où un isolant synthétique risquerait d’enfermer la vapeur d’eau.


Et le prix ?

C’est là que le bât blesse. Les matériaux biosourcés restent plus chers à l’achat que leurs équivalents synthétiques. Pour l’isolation des combles aménageables, le coût moyen au m² de la fibre de bois atteint 70€ pour une épaisseur de 280mm, contre 25€ pour la laine de verre d’une épaisseur de 240mm, selon K par K, entreprise spécialisée dans l’isolation. Reste l’éternelle question des aides publiques. 
« L’évolution de la filière dépend directement des dispositifs de soutien », reconnaît Julien Hermouet. Entre les fluctuations de MaPrimeRénov’ et la disparition de certaines aides comme celles d’Action Logement, les financements n’ont jamais été aussi instables. « MaPrimeRénov’ pouvait autrefois couvrir jusqu’à 80% des coûts. Depuis 2023, c’est beaucoup plus incertain. »


(*)Membre de la Scop L'AlterBative.

DR

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