Eloge du bénévolat

Le Regard de la semaine est signé Mariannig Hall.

Le7.info

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Alors que les nuages semblent boucher l’horizon, cultiver son optimisme n’est-il pas une ardente obligation ? « Il faut toujours espérer, même quand on est lucide », nous conseille Lévinas. Des commentateurs annoncent le délitement du tissu social ? Soulignons l’importance du bénévolat en France !

Le hasard du calendrier des 
« Regards » me permet de remercier les 80 intervenants bénévoles issus de tous les univers professionnels, qui échangeront samedi à Poitiers avec 850 collégiens et lycéens. Ceux-ci viennent des établissements situés en ruralité et dans les quartiers de toute l’académie de Poitiers. Ces « Rencontres de l’excellence » veulent ouvrir le champ des possibles, donner quelques clés pour une orientation choisie. Chemins de traverse, bifurcations, curiosité des rencontres avec autrui nourrissent le parcours des intervenants : ils et elles partageront leur expérience avec les jeunes.

Disons-le : le milieu associatif traverse une crise sans précédent. Cette crise est financière et conduit à un ample plan social qui n’épargne aucun territoire, aucun secteur (éducation populaire, culture, sport…). Elle touche aussi l’essence de la gouvernance associative : les adhésions répondent plus souvent à des logiques consuméristes que d’appartenance à des valeurs ; il est parfois difficile de constituer un bureau.

Mais affirmons-le aussi : l’engagement de bénévoles ne faiblit pas. La 6e édition du Baromètre du bénévolat publiée par France Bénévolat (mars 2025) révèle qu’un Français de 15 ans et plus sur cinq participe à une activité associative bénévole. A rebours des idées reçues, les jeunes ne désertent pas l’engagement, à la différence des seniors. Le Baromètre s’inquiète de la diminution du bénévolat associatif pour les plus de 65 ans : leur taux d’engagement chute à 24% en 2025 (38% en 2010). La progression du bénévolat chez les 15-34 ans, elle, se confirme, avec un taux d’engagement de 23% (16% en 2010).

Or le bénévolat est une forme d'engagement actif qui crée des solidarités. N’est-il pas une forme contemporaine du potlatch, analysé dans les sociétés mélanésiennes par Marcel Mauss dans son Essai sur le don (1925) ? Il repose sur une logique de réciprocité sans attente de récompense matérielle ; il dépasse la logique marchande en réaffirmant l’importance du don dans la construction de sociétés plus solidaires. Avec le bénévolat, chacun peut contribuer à bâtir un monde commun, à l’heure où celui-ci semble se dérober sous nos pieds.

CV express
Passionnée de culture et de sciences, attachée au partage des connaissances et des questionnements, friande de débats vifs mais respectueux (des autres comme des faits), j’ai traversé différents univers professionnels, jusqu’à la direction de l’Espace Mendès-France. Bretonne d’origine, Parisienne de formation, Poitevine par hasard mais depuis longtemps, Européenne de culture, je me reconnais dans l’hybridation.

J’aime : le lyrisme d’Hugo et l’incandescence de Char, les œufs à la coque et l’os à moëlle, la nuance, penser contre moi-même (et avec les autres), Giotto et James Turell, les coquelicots, nager dans l’océan, Vanessa Wagner et Etienne Daho, la Fondation Maeght en Provence.

J’aime pas : les choux (sauf à la crème), le ressentiment, la servitude volontaire, la mauvaise foi.

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