Aujourd'hui
Chez les Gourmaud, le sport mécanique est une affaire de famille. Pourtant, rien ne prédestinait le petit Théo (23 ans) à décrocher, en septembre dernier, le titre de champion de France de quad. Son père, Frédéric, deux de ses oncles et plusieurs cousins ont tous excellé sur deux roues, jusqu’à un titre de vice-champion de France 1992 pour le paternel. L’ancienne gloire du motocross, dix-huit saisons au compteur, a bien tenté de convaincre son fils d’enfourcher une bécane. Mais Théo a préféré tracer sa route. « J’ai commencé la moto à l’âge de 4 ans. Mais un jour, je me suis fait peur avec la poignée d’accélérateur. Comme le quad est équipé d’une gâchette, je me suis tourné vers lui à 5 ans. » Une exception dans une famille qui ne jure que par le deux-roues. Très vite, l’enfant prend goût à la vitesse. Animé par l’adrénaline que lui procure le départ, le jeune ouvrier dans le bâtiment se prend à rêver d’une carrière sur les terrains de Vendée et des Pays de la Loire. Pour cela, pas de place au hasard et son père ne le sait que trop bien. « Un jour, il est venu me chercher sur un chantier. J’avais un peu bu, se souvient Théo. J’ai vu la déception dans ses yeux. Il m’a dit : « Je veux bien tout donner pour te suivre dans le quad, mais tu arrêtes l’alcool et tu te mets au sport. » » En quelques mois, Théo passe de 95 à 75 kilos. Le corps s’affine, la volonté se renforce.
Il aligne les trophées et son nom circule dans les paddocks. Entre 2018 et 2019, Théo rafle tout sur son passage. Les titres s’enchaînent, jusqu’à une troisième place au championnat national junior. Il nourrit alors le rêve de figurer parmi les plus grands pilotes à l’image de son idole Jérémy Warnia dont il rejoint l’équipe d’entrainement et le préparateur mécanique. Au guidon de sa nouvelle machine, Théo part s'entraîner à Troyes. Là-bas, il retrouve les meilleures de sa discipline et découvre le haut niveau, la précision du geste, la vitesse. Et puis le choc.
« Sur un saut, je me casse la jambe. » La blessure survient durant la période du Covid, qui met de toute façon les championnats à l’arrêt. « Ça m’a fait grandir. Après cette chute, j’ai beaucoup réfléchi à ma façon de rouler. » L’élan revient plus fort. A 19 ans, le pilote originaire d’Arçay passe dans la cour des grands. En 2023, il termine cinquième du championnat national avant de s’emparer, en septembre, de la plaque rouge, celle de leader. A Baugé-en-Anjou, devant soixante-dix proches venus l’acclamer, il franchit la ligne en champion. Son père, son ami Aubin, toute la famille est là pour sabrer le champagne. Tous, sauf une partie trop tôt mais dont la présence l’accompagne encore. « Chaque course, maman est là. Quand c’est dur mentalement, c’est elle qui me donne la force de remonter en selle. »
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