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« J’ai dit oui ! » revient explicitement sur vos quatre années en tant que ministre de la Justice et sur le moment où vous avez dit « oui » à Emmanuel Macron. Pourquoi consacrer votre spectacle à cette décision ?
« Il y a plein de raisons différentes. Je voulais partager cette expérience ministérielle avec ceux qui me font l’honneur de venir me voir au théâtre. D’ailleurs, dès les premières minutes, j’invite le public à endosser le costume d’un ministre. Il y a une détestation des Français, et plus largement de toutes les démocraties, envers les politiques. Dans le spectacle je m’arrête pour expliquer cette incompréhension et également sur l’injustice que j’ai pu subir. Tout cela avec humour et autodérision. »
Plusieurs médias qualifient votre spectacle de « règlement de comptes » avec cette « époque folle » ou encore avec la presse. Est-ce vraiment l’ambition d’origine ou plutôt une mise en perspective de ces quatre années ?
« Je dirais qu’il s’agit plutôt d’une mise en perspective, même s’il est vrai qu’il y a un peu de règlement de comptes (rires). La médiatisation, par exemple, fait parfois l’effet d’un miroir déformant. Je pense que l’on n’est pas habitué à ce qu’un politique soit si franc. »
Vous revendiquez partager les coulisses de la fonction de ministre. Y avait-il d’emblée un contrat de transparence avec le public ?
« C’est important que les gens sachent ce que représente le fait d’être ministre. Ils ne connaissaient pas la justice de notre pays, alors j’ai tenu à ce qu’elle soit filmée. Là, c’est un peu pareil mais en passant par le théâtre. Étant originaire de la société civile j’ai moi-même pu mesurer à quel point on ne connaît pas les choses et c’est utile que les gens sachent comment ça se passe. »
« J’ai dit oui ! » est votre deuxième expérience théâtrale après « Eric Dupond-Moretti à la barre ». Comment passe-t-on de la scène politique à la scène tout court ?
« Ce serait plus juste de demander comment l’on passe du barreau au théâtre puisque c’est ainsi que cela a commencé. C’est venu assez naturellement. Plaider devant un jury, c’est déjà être au contact d’un public. Cela me semblait être une suite logique. Le premier lieu d’expression démocratique, dans la Grèce antique c’est le théâtre, l’agora. On sent les gens vibrer, on sait très vite s’ils sont d’accord ou pas. »
L’autre actualité, c’est la sortie de votre livre Juré, craché, un support plus classique, co-écrit avec Marc-Olivier Fogiel. Peut-on le voir comme un complément du spectacle ?
« Il y a des choses que l’on retrouve dans le spectacle et dans le livre mais ce dernier rentre plus dans le détail et est encore plus politique. Mais il y a forcément des choses en commun car c’est le même bonhomme (rires). »
Quel message aimeriez-vous que les spectateurs retiennent après avoir dit
« oui » pour venir vous voir ?
« On vit dans une époque sans nuance, où la radicalité l’emporte sur tout le reste et c’est ce qui crée cette société sous tension. Il faut prendre de la hauteur, s’arrêter et s’éloigner des chaînes d’information en continu pour recréer le débat. »
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