Aujourd'hui
Concurrence
L'édito de la semaine est signé Arnault Varanne.
C’était il y a déjà sept ans. Rappelez-vous, au cours de l’automne 2018, la France entière voyait émerger le mouvement des Gilets jaunes déclenché par la hausse des prix du carburant mais aussi, et surtout, un ras-le-bol général d’une partie de la population. C’est ce pan de l’histoire récente que le réalisateur Thomas Kruithof a voulu mettre en avant dans Les Braises. L’intrigue prend place chez nos voisins, en Charente. Karine (Virginie Efira) et Jimmy (Arieh Worthalter) forment un couple uni. Elle travaille dans une usine d’agroalimentaire, il est chauffeur routier et chef d’entreprise. Leur quotidien est marqué par l’effort, les cadences infernales (très justement représentées à l’écran) et un équilibre fragile mais toléré. Enfin… Un jour d’automne, le mouvement des Gilets jaunes prend de l’ampleur et ne se contente plus des réseaux sociaux qui l’a vu naître. Karine est happée par la force du collectif, la promesse du changement, la colère enfin partagée. De son côté, Jimmy ignore où se positionner. Peu convaincu par les idéaux de ce nouveau mouvement qu’il semble mépriser, il apparaît comme perdu entre loyauté familiale et malaise politique.
Sans prétention, donc, le film ne s’aventure pas à se placer en étendard de la contestation sociale mais s’attache plutôt aux répercussions des convictions politique sur l’intimité familiale. Une faible prise de risque ? Un film trop axé sur le privé ? C’est peut-être ce que certains pourraient lui reprocher. Mais le mouvement des Gilets jaunes, c’est aussi cet aspect si bien mis en lumière par Kruithof. Le mépris, les divergences d’opinions, la peur de voir son conjoint ou son parent arrêté ou blessé… Le réalisateur choisit de montrer « la France d’en bas » sans caricaturer et sans jamais mépriser. Virginie Efira incarne avec brio une femme qui trouve sa voie dans la colère, en même temps que son foyer vacille. Arieh Worthalter, lui, campe avec justesse un mari fatigué mais encore aimant. Lorsqu’arrive le générique, le spectateur reste sur sa faim. Il quitte la salle avec une impression de retenue, comme si les braises n’avaient pas tout à fait pris. Mais la réflexion s’invite. Et si c’était volontaire ? Un conseil, ouvrez l’œil ! Il se pourrait en effet qu’un plan ait été filmé du côté de Chasseneuil-du-Poitou…
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