Notre-Dame-la-Grande 
révèle ses couleurs

Sous les pinceaux des restaurateurs, Notre-Dame-la-Grande retrouve peu à peu son lustre d’antan. L’église la plus visitée du département fait l’objet d’un chantier destiné à redonner vie à ses décors peints du XIIe siècle, ternis par le temps.

Pierre Bujeau

Le7.info

C’est un joyau du monde roman que les siècles ont lentement voilé de poussière et d’ombre. Consacrée en 1086 par le futur pape Urbain II, l’église Notre-Dame-la-Grande, emblème du patrimoine poitevin, abrite entre ses murs des décors peints dont les plus anciens remontent au XIIe siècle. Des trésors fragiles, que le temps a peu à peu dissimulés. Un ballet d’artisans venus d’Italie, d’Angleterre ou bien de Suisse, s’attache à leur redonner de l’éclat dans le cadre d’un programme de compagnonnage. « Nous avons été étonnés de constater la bonne conservation générale des plus anciennes peintures, même si certains décors étaient en état de péril », confie Thomas Gaudig, architecte du programme. Pour nettoyer les fresques sans les abîmer, son équipe a eu recours au décapage laser, une technologie de haute précision. « Il permet de retirer la croûte noire sans altérer la peinture elle-même », 
explique-t-il. Sous le faisceau de lumière, les ombres se dissipent lentement, libérant les pigments d’origine et laissant s’échapper une fine fumée noirâtre. Au fil des siècles, un badigeon blanc avait recouvert les décors romans. Retiré au XIXe siècle à coup de piquetage, il avait laissé des traces irrégulières que la restauration actuelle s’emploie à effacer. Avant de raviver les teintes et les motifs, les équipes doivent achever ce nettoyage. « C’est un travail d’une lenteur volontaire, à la mesure de la valeur et de la fragilité du monument. On est ici face à ce que l’époque romane a produit de plus exceptionnel », poursuit Thomas Gaudig. L’assainissement et la consolidation de l’édifice sont désormais terminés. La prochaine étape consiste à restaurer les vitraux, le mobilier et à proposer une nouvelle mise en lumière du site. Les parties peintes au XIXe siècle nécessiteront, elles aussi, des interventions, mais plus légères, car elles sont moins exposées à la dégradation. 


Horizon été 2027

Les premières études patrimoniales de la Ville de Poitiers, menées en 2019, avaient déjà souligné la situation préoccupante de l’édifice et la nécessité d’une intervention rapide. Son coût total est estimé à 10M€, dont 6,5 engagés à ce jour. 
« Ce chantier bénéficie d’un large soutien de la Ville de Poitiers, l’Etat, la Fondation du patrimoine, la Mutuelle de Poitiers- grand mécène du projet- ainsi que de près de 500 particuliers », 
souligne Clémence Pourroy, conseillère municipale déléguée au Patrimoine historique. A ce jour, 1,7M€ a été collecté grâce au mécénat et à la générosité des habitants. Débuté l’an passé, l’ensemble du programme de restauration devrait s’achever à l’été 2027.

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