Julie Bousquet. 20 ans. Toulousaine. Etudiante à la faculté des sciences de la vie à l’université de Poitiers. Raconte ses années d’anorexie et d’anxiété dans un recueil de poèmes intitulé Alone I. Rêve de devenir herpétologue.
Ce fut le premier auquel elle a offert son livre, le 1er juillet 2025. Le jour de la sortie d’Alone I
et de l’anniversaire de Romain. « C’est lui qui m’a encouragée à faire les démarches auprès des maisons d’édition... », glisse Julie Bousquet d’une voix chancelante. Les cinq éditeurs lui ont répondu positivement pour publier son premier recueil de poèmes « très personnel ».
Une « petite victoire », « quelque
chose d’irréel même » pour la jeune Toulousaine dont le niveau de confiance est inversement proportionnel à son aisance plume en main. Dans Alone I, Julie évoque sans détours le mal qui la ronge depuis l’adolescence, « la solitude, la peur, les blessures invisibles et les guerres intérieures ». Extraits : « L’anorexie s’accroche, comme un fil d’acier, me chuchote des chiffres, les calories, m’interdit de manger. Chaque bouchée, un combat, chaque repas, un poison, Un monde de contrôle où le poids devient raison. Être légère, disparaître, en quête d’une paix, Mais plus je me perds, plus je suis prisonnière... »
L’étudiante en sciences de la vie à l’université de Poitiers avance, malgré tout. Elle a pris son envol l’année dernière, en choisissant de quitter le cocon familial de Saint-Pierre-de-Lages, en Haute-Garonne, pour prendre un nouveau départ dans la Vienne. Elle aurait pu rester à Toulouse, mais...
« Mais je voulais m’émanciper, recommencer dans un nouvel environnement. » De son passé, Julie n’a pas fait table rase, elle se livre avec une certaine lucidité sur ses années d’adolescence marquées par l’anorexie et le harcèlement scolaire. « Petite, j’étais assez timide et j’ai eu du mal à me faire des amis. » Dès l’école élémentaire, la fille d’informaticien et de salariée de l’Inrae ressent les moqueries de ses petits camarades, subit les insultes.
Un répit fatal
La situation ne s’améliore pas au collège, au contraire. « Bonne élève », Julie passe pas mal de récréations à lire. « L’intello de service » devient vite la cible, elle rentre le soir en pleurant. Ses parents s’inquiètent, elle avance dans sa scolarité mais dans une sérénité très relative. Les « T’es grosse », T’es pas normale », « Va consulter »
pleuvent. Elle a « des idées pas tout à fait normales pour une jeune fille. Des pensées suicidaires, oui ». Sa chambre est son refuge ultime, les mois passent et le mal empire. Son père découvre « [ses] premières scarifications » et reste interdit.
« Je voulais m’émanciper, recommencer dans un nouvel environnement. »
La cote d’alerte est atteinte en novembre 2019. Direction le cabinet d’un psychiatre. Puis vient le Covid et son long confinement. « Un soulagement » eu égard aux brimades subies. « J’avais les cours à la maison donc je ne voyais plus mes camarades de classe. » Mais ce répit plonge Julie dans un autre trouble. L’ado ne se nourrit plus qu’au petit déjeuner et « tombe à 38kg » alors que son poids de forme tourne autour de 50.
Les années ont passé, trois hospitalisations en clinique ont produit leur effet. « Notamment la troisième où j’ai eu des réponses à mes questions. On m’a diagnostiqué un trouble de la personnalité borderline » Même si « manger reste un combat de tous les jours », Julie va mieux. Loin de « la ville qui [lui] a fait du mal », l’étudiante a retrouvé un environnement sain à la fac et loue sa complicité avec son chat Unix. Un compagnon de route qui devra sans doute bientôt partager avec d’autres congénères.
Au milieu de la jungle
Au métier de vétérinaire, Julie préfère désormais celui d’herpétologue, spécialiste des reptiles en des termes moins savants. Strasbourg, Paris et Rennes ont sa préférence pour un futur master.
« Les serpents, grenouilles et crapauds ont souvent un aspect assez répugnant. Mais moi je les trouve au contraire très intéressants. Contrairement à d’autres animaux, ils n’ont pas de cordes vocales et ont d’autres façons de communiquer. J’aimerais les étudier... » Dans dix ans, la jeune femme se verrait bien au milieu de la jungle ou de la savane, au contact de ses animaux préférés. Un quotidien épanouissant, comme les sensations que lui procurent la danse -« j’en fais depuis toute petite, ça amène à la perfection »-
et l’écriture, donc. L’autrice a prévu de glisser Alone I au pied du sapin familial, à Noël. Elle redoute « un peu » la réaction de ses parents parce que leur fille « se livre beaucoup ».
Notamment dans ce premier texte fondateur sobrement intitulé Nuit. Sa meilleure amie a
« adoré ». Julie espère que le recueil pourra « toucher tous ceux qui ont traversé des épreuves comme les miennes, leur faire du bien ».