Avec une hausse du nombre d’enfants sans solution d’hébergement en trois ans, la promesse du « zéro enfant à la rue » s’éloigne. Dans la Vienne, cette précarité pèse aussi sur leur scolarité, fragilisant leurs apprentissages et leur développement.

Pierre Bujeau

Le7.info

Loin des promesses du « zéro enfant à la rue », la situation continue de se dégrader. En trois ans, le nombre d’enfants sans solution d’hébergement a augmenté de 30%, selon le baromètre de l’Unicef et de la Fédération des acteurs de la solidarité. Une progression qui touche aussi la Vienne et dont les effets dépassent largement la seule question du logement. Dans le département, cette hausse soulève également des inquiétudes sur la continuité scolaire et les conditions d’apprentissage des plus jeunes, souvent fragilisées par la précarité et l’instabilité du quotidien. Fatigue chronique, stress, difficultés à faire les devoirs, absences répétées, ruptures d’accompagnement éducatif... Autant de facteurs qui entravent directement les capacités d’apprentissage. « Lorsqu’un enfant ne sait pas où il dormira le soir, il dispose de moins d’espace mental pour apprendre », rappelle Vincent Brucker, des Francas de la Vienne. Cette instabilité pèse lourdement sur le développement. « On constate souvent des retards scolaires, des pertes de repères… Et il suffit parfois d’une mauvaise rencontre pour basculer dans la délinquance », 
observe Christine Daugé, membre de Réseau éducation sans frontières dans la Vienne, qui héberge une vingtaine de familles pendant la trêve hivernale. Offrir un hébergement, c’est donc « assurer un cadre serein d’apprentissage », mais c’est aussi et surtout « protéger ces jeunes de la délinquance », 
soulignait récemment Chantal Bernard, co-présidente de Min’de Rien, au micro de Pulsar.


L'espoir d'un avenir

En France, la scolarisation est obligatoire jusqu’à 16 ans. Mais l’accès effectif à l’école reste un défi pour les enfants à la rue, et plus encore pour les mineurs non accompagnés. « Tous arrivent avec une vraie envie d’apprendre et de s’intégrer, mais sur le terrain la priorité devient la survie : trouver un toit, manger », explique Elise Balbon, bénévole de l’association 100 pour 1. Malgré des parcours de vie chahutés, nombre d’entre eux parviennent à renouer avec l’espoir d’un avenir. « Nous avons accompagné un jeune Géorgien arrivé au collège, totalement démuni. Il étudie aujourd’hui le droit, avec l’ambition d’aider à son tour les mineurs isolés », témoigne la membre du Réseau éducation sans frontières.

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