Derrière l’image saine du sport se cache une réalité bien moins connue, celle de la bigorexie, une addiction en plein essor qui pousse certains pratiquants à s’entraîner jusqu’à perturber leur quotidien.

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Quelles sont les addictions les plus fréquentes chez les sportifs ? Quels sports exposent le plus aux comportements excessifs ?
Autant de questions auxquelles ont tenté de répondre Emilie Giret, maîtresse de conférences à la faculté des sciences du sport de Poitiers, et les services de l’Etat. Même si les résultats n’ont pas encore été publiés, l’autrice de l'enquête est parvenue à tirer certaines conclusions. « La bigorexie est la deuxième addiction hors substances la plus présente chez les jeunes, juste après l’addiction aux écrans », indique-t-elle. Le questionnaire, envoyé aux 1 400 étudiants de Staps de Poitiers, a généré 700 réponses, dont une centaine évoquant une « consommation nocive » ou une « addiction probable ». Plusieurs étudiants témoignent d’un rapport trouble au sport, parfois jusqu’au danger. Héloïse Lorrain, ancienne athlète, témoigne : 
« Mon kiné m’avait alertée, mais je refusais de l’entendre. Je poursuivais mes entraînements de crossfit, l’addiction était plus forte que la douleur. » Portée par la progression de ses performances, elle a accumulé jusqu’à trois séances par jour, soit 12 à 20 heures d’activité intense par semaine. Quand son kiné lui impose trois semaines d’arrêt, son corps réagit violemment : « Mes muscles se tétanisaient, j’avais des tremblements. Le manque prenait toute la place. »


Comportement à risque

Reconnue par l’Organisation mondiale de la Santé depuis 2011, l’addiction au sport progresse rapidement. Le médecin du sport Xavier Bigard pointe 
« le culte du corps parfait diffusé sur les réseaux sociaux ». Même observation pour Christophe Bassons, ancien cycliste professionnel devenu coach : « Pour certains, l’objectif n’est plus seulement de finir une course, mais d’afficher un dossard « finisher » en ligne ou d’alimenter Strava. » L’enquête révèle une forte prévalence chez les coureurs à pied. « Pour certains, la sensation de manque apparaît dès que l’effort s’arrête », 
note Emilie Giret. Blessures répétées, vie sociale perturbée, isolement... Les conséquences sont nombreuses. Mais ces excès restent souvent minimisés. 
« Parce que le sport est valorisé, on oublie qu’il peut aussi faire du mal », rappelle Héloïse, qui dit avoir retrouvé un équilibre après plusieurs rechutes.

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