Pamela Renault, le monde pour horizon

Pamela Renault, 50 ans. Native de l’île Maurice, Poitevine depuis trente-et-un ans. Ancienne chroniqueuse Lifestyle pour Le 7. Formatrice en anglais et autrice. Voyage et fait voyager. Aime relever les défis et sortir de sa zone de confort.

Charlotte Cresson

Le7.info

« Le Balsamico, à Poitiers, vous connaissez ? » Pamela Renault n’hésite pas longtemps avant de proposer le lieu du rendez-vous de notre rencontre. Un restaurant italien. Pour cette amatrice de voyages, avouez que l’endroit colle plutôt bien au personnage. Un cappuccino à la main et son dernier roman pas très loin, la Poitevine replonge dans les souvenirs qui ont fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui. Son histoire commence à 
12 000km de la France, sur l’île Maurice, à l’époque où son nom de famille était encore Coopamah. Nous sommes en 
1994, Pamela a 19 ans et elle s’apprête à quitter son île pour la première fois. « Je n’étais encore jamais partie mais au fond j’ai toujours su que je voyagerai un jour. En tant qu’îlien, on ne bouge pas vraiment. » Seulement voilà, Pamela doit partir si elle veut poursuivre ses études. En effet, sa terre natale ne lui permet pas de réaliser ses ambitions. Il faut alors choisir la destination. L’Angleterre lui semble naturelle, « étant donné [qu’elle avait fait] toute [sa] scolarité en anglais », mais les moyens familiaux resserrent l’horizon. Ce sera la France, dont elle maîtrise aussi la langue. 
« L’île Maurice est anglophone à la base, mais de par son histoire on y apprend le français et l’anglais dès le plus jeune âge… en plus du créole local. Certains Mauriciens maîtrisent aussi une langue orientale en fonction du pays d’où ils viennent. C’est en arrivant en France que j’ai appris le concept de langues étrangères » 
Paris, Montpellier, Bordeaux… Pamela hésite, postule et reçoit une réponse positive de Poitiers… son quatrième vœu. « Au début, ça ne me faisait pas rêver mais en discutant avec ma tante j’ai été soulagée d’apprendre que le train s’y arrêtait. » Banco. 


Une succession 
d’anges gardiens

Le voyage vers cette ville inconnue est marqué par une succession d’aides providentielles. 
« Avant de partir, il a fallu trouver un logement et je me souviendrai toujours de cette personne du Crous qui a rassuré mon père en lui disant que je ne dormirai pas sous les ponts. Parfois, il y a des bonnes étoiles. » 
Coïncidence folle, dans l’avion qui rallie Maurice à Paris, Pamela fait la connaissance d’une passagère en route pour… Poitiers. 
« Nous nous sommes séparées à Montparnasse puis j’ai eu mon premier contact avec les Français. Il y avait des choses toute bêtes que je ne connaissais pas comme composter son billet de train. Deux-trois personnes m’ont rembarrée en me disant qu’elles n’avaient pas le temps jusqu’à ce que quelqu’un s’arrête, me demande d’où je viens et m’aide. Étrangement c’est quelqu’un qui avait voyagé. On reconnaît l’ouverture d’esprit. » 
Jusqu’à Poitiers, Pamela se sent 
« accompagnée » par les personnes dont elle croise la route. Sur place, la « dame du Crous » l’accueille et la rassure : « Vous avez une chambre. » Elle intègre la résidence universitaire Jeanne-d’Arc, où elle se fait de solides amitiés qui ne se déferont plus.


« J’ai toujours su que je voyagerai un jour. »

En master, le désir de mouvement, longtemps contenu, s’épanouit. « Pour mes jobs d’été, je devais accompagner des enfants en Irlande ou dans la banlieue de Londres. C’est là que j’ai commencé à voyager. » 
Puis tout s’enchaîne. Pamela se marie et fait un road trip en Ecosse au volant de sa Peugeot 106. « C’était nos meilleures vacances. On a aussi beaucoup fait l’Italie en voiture. » Mais son « premier vrai voyage hors d’Europe », c’est de l’autre côté de l’Atlantique qu’elle le réalise : 
à New York. Le coup de foudre. « Pourtant, au départ, les Etats-Unis ne m’avaient pas vraiment attirée. » Car, à part le Pérou et le Sud de l’Inde, aucune destination n’est réellement sur sa liste. « De moi-même je ne serais jamais allée à Venise par exemple. Mais j’ai voulu faire la surprise à mon père et l’y emmener. » Et bien sûr, elle a adoré. L’amoureuse des voyages, devenue formatrice en anglais, consacre sa vie à transmettre son goût pour les langues aux étudiants en commerce. Une activité professionnelle qu’elle complète depuis peu par une autre passion.


Voyager et faire voyager

Venise, New York ou… Angles-sur-l’Anglin. Depuis la crise sanitaire, Pamela veut aussi initier les autres au dépaysement, même en proximité. Ses récits prennent forme, entourés de coups de pouce aussi inattendus que ceux qui ont jalonné son arrivée en France. Une collègue lui donne le nom d’un imprimeur, une autre lui propose de relire son manuscrit, une graphiste accepte de faire la couverture… Autoédité, son premier roman, Venise, ma Dolce Vita sort donc en 2021 suivi d’Angles-sur-l’Anglin, l’escapade inattendue deux ans plus tard. Le dernier -De la Chambre 10 à New York- vient juste de voir le jour. A travers ses ouvrages, l’autrice a un but : faire voyager comme elle a voyagé. Aujourd’hui maman de trois grands enfants, elle sourit en pensant à son propre départ. « Quand mon premier est né, j'ai demandé à ma mère comment elle avait fait pour laisser partir sa fille de 19 ans à 12 000km. En fait, elle avait choisi de ne pas me montrer son angoisse. » Notre entretien se termine après deux heures d’échanges. « Pam Coop » -comme on la surnomme sur les réseaux- resterait bien plus longtemps mais son cours d’italien l’attend. Comme quoi, « tous les chemins mènent en Italie non ? »

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