Quand le combat 
devient spectacle

Mélange de combat sportif et de théâtre, l’escrime artistique a attiré Bentz Polo il y a bientôt deux ans. Récit d’une discipline pas comme les autres.

Charlotte Cresson

Le7.info

A Poitiers, chaque lundi soir, le gymnase des Feuillants remonte le temps. Pendant plus de deux heures, les traditionnels tapis de yoga ou de pilates cèdent la place aux étonnants sabres, épées longues ou autres rapières et dagues. Bienvenue à l’académie de la compagnie Lame d’Artiste ! Parmi les dix-neuf adhérents de ce cours tout récemment créé, une silhouette s’avance, rapide, précise, chorégraphique. Comme ses camarades, Bentz Polo incarne une discipline encore méconnue du grand public : l’escrime artistique. Ni combat sportif, ni théâtre pur mais un mélange exigeant des deux, où chaque mouvement doit raconter une histoire. Et c’est précisément ce qui a l'attiré il y a bientôt deux ans. A l’origine de ce choix, un rêve de gosse. « J’ai toujours trouvé que les épées étaient stylées et j’aime particulièrement l’histoire », confie-t-il. Alors, quand au moment de choisir une activité en parallèle de ses études l’étudiant en informatique découvre l’existence de l’escrime artistique, c’est la révélation. Bentz trouve dans cette discipline méconnue le « côté historique que l’on ne retrouve pas forcément dans l’escrime classique ». Les premières sensations se rapprochent du coup de foudre. « On se sent un peu comme un enfant. J’ai une épée dans les mains quoi ! Et l’effet est encore plus fort avec une épée longue puisqu’il y a vraiment le poids. » Après des premiers entraînements équipés de cannes en bois, Bentz et ses camarades ont appris à manier des épées bien réelles mais pas seulement. 


Une discipline complète

En escrime artistique la technique ne suffit pas. Il faut convaincre, captiver, créer du rythme. Sous la direction du fondateur de l’association, Mathéo Paurise, comédien, cascadeur, jongleur (entre autres), Bentz apprend à parer les coups, à donner l’illusion de les rendre, à chuter, à feindre la surprise… Le jeune escrimeur découvre également le théâtre, indissociable de l’escrime. « On essaie de faire vivre le combat pour le public. » 
L’épée devient « un véritable accessoire de spectacle » 
du même ordre que les costumes. Cotte de mailles sur le dos, Bentz peut alors incarner un soldat anglais défiant les défenseurs de Jeanne d’Arc et bien d’autres personnages historiques et fantastiques. L’étudiant et ses camarades mettent aussi la main à la pâte pour confectionner décors et accessoires comme la façade d’un château ou des boucliers en bois. Parmi les armes qu’il a pu manier, Bentz a sa préférée. « L’épée longue permet une certaine élégance. Elle apporte une fluidité du mouvement que j’aime beaucoup. J’aime bien imaginer la façon dont auraient combattu les chevaliers avec. »
 Après le spectacle Bataille et Fabliaux, Bentz, Mathéo et les autres se préparent pour une journée d’ateliers et d’initiation autour d’un campement médiéval le 23 décembre prochain à Châtellerault (place Emile-Zola). Une belle manière de faire découvrir à tous « la magie du spectacle ».

DR Nicolas Gérard

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