La campagne dans la campagne

Sarkozy, Bayrou, Hollande, Le Pen… Pour les candidats à l’élection présidentielle, le Salon de l’agriculture est un passage obligé. Qu’en pensent les exploitants de la Vienne ? Les messages politiques correspondent-ils réellement à leurs préoccupations quotidiennes ? Pas si sûr…

Romain Mudrak

Le7.info

Françoise Proust, éleveuse à Latillé (230 têtes) : « Le prix du kilo de viande n’a pas évolué depuis quinze ans. C’est invraisemblable. Dans le même temps, les prix des céréales, destinées à enrichir l’herbe que nous donnons aux bêtes, ont bien augmenté. Les engrais ? On y a renoncé. Nous parvenons à dégager un revenu grâce à la vente de taureaux reproducteurs. Notre réputation dans le domaine permet de les valoriser. D’autre part, nous vendons une partie de la viande en direct. C’est une plus-value d’un quart du prix. Si nous n’avions pas ces deux activités complémentaires, nous ne pourrions pas vivre. Je demande aux politiques de ne pas nous ignorer. Mais je reste persuadée que les prix sont fixés par de grands groupes agroalimentaires privés et que les politiques ne peuvent rien faire. »

Dimitri Galbois, éleveur à Vivonne (80 vaches laitières) :
 « Avant d’être agriculteur, je suis un citoyen responsable. Je cherche à devenir plus autonome vis-à-vis des subven-tions européennes. J’ai ainsi sélectionné une variété de maïs adaptée qui consomme beaucoup moins d’eau et, le 15 mars, je passerai en label bio pour accroître le prix de vente de mon litre de lait. À terme, j’envisage de changer mon cheptel pour des Jersiaises plus économes... En me débrouillant seul, je m’affranchis quelque peu des hommes politiques qui ne peuvent pas faire grand-chose pour améliorer ma situation. En revanche, je suis persuadé que les élus locaux nous écoutent davantage. Lors de la sécheresse de 2011, la Région a été la première à réagir en créant un fonds d’urgence et en promouvant le maïs «population» que j’utilise. »

Jean-Luc Pousse, céréalier à Saint-Savin (220ha), président de l'association des irrigants de la Vienne :

 « La visite des hommes politiques au salon de l’agriculture, c’est du folklore ! Ils ne font pas d’annonce sérieuse et restent éloignés du quotidien des agriculteurs. Ce métier a de l’avenir, mais les contraintes environnementales et administratives sont de plus en plus lourdes. Certaines décisions, comme le Grenelle de l’environnement, nous ont plombés. Globalement, nous devrons produire plus avec moins de surface, moins d’eau, moins d’engrais et moins de produits phytosanitaires. Comment faire ? Les politiques ne donnent pas les clés de leur vision à long terme. Je ne sais pas pour quel candidat je vais voter. Pour moi, seuls les élus locaux font avancer les dossiers. » 


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