Les truites se jettent à l’eau

Samedi prochain, les cours d’eau de la Vienne battront le rappel des amateurs de pêche à la truite. Cinquante mille « portions » seront déversées, pendant toute la saison, dans le département. Alevins et truitelles n’ont pas été oubliés.

Nicolas Boursier

Le7.info

C’est le grand tube du moment ! « Cliquez, imprimez, pêchez. » Rien de tel pour susciter l’envie d’aller humer le bon air des nos campagnes.
Facile d’accès et de conception, la nouvelle carte par Internet est le dernier-né des produits estampillés « Fédération de pêche de la Vienne ». Un vrai passe-droit pour toutes les folies halieutiques. Combien, parmi les quelque seize mille adeptes attendus cette saison (vous étiez exactement 15 852 en 2011), seront passés par cette inédite « case » informatique ? A la veille de la grand’messe « truitière », la Fédé ne cherche même pas à se poser la question. Car tout ce qu’elle initie ne demande aucun autre retour sur investissement que la satisfaction des pêcheurs. De tous les pêcheurs. « Il en va également de l’alevinage de nos rivières et de notre volonté d’équilibrer, au fil du temps, les apports en truites arc-en-ciel et fario. »

Objectif reproduction

Année après année, le discours de Stéphane Landrieau, emblématique animateur de pêche à la Fédé, se teinte d’une obsession : contenter tous les fidèles, du débutant en quête de premiers frissons, au pratiquant assidu, pêcheur-chasseur de poissons nobles. Avec le temps, le propos a aussi et surtout appris à épouser l’action. C’est ainsi que la fario, il y a peu réduite à la portion congrue, renforce progressivement son autorité dans nos cours d’eau. Et on ne parle pas seulement des dix mille spécimens «  à la maille » déversés cette année dans les eaux départementales. Mais également des vingt mille alevins de trois semaines et truitelles d’un an libérés à l’automne et à l’hiver. « Cette réintroduction est un pari sur l’avenir, poursuit Stéphane Landrieau. Mais il nous faut insister dans cette voie. Une truite a besoin de deux ans pour atteindre sa taille de reproduction. Le programme que nous avons engagé table sur une survivance d’au moins quatre ans en milieu naturel. La reproduction de masse pourra alors, sans doute, être satisfaite. »
Mais dans quelles rivières ? Les profils idéaux, présentant du substrat de 25 à 30mm sur le fond, des caches à profusion, une eau oxygénée et ne dépassant jamais les 25°C, ne sont pas légion dans la Vienne. « Mais elles existent, sourit l’animateur. Celles-là présentent toutes les garanties d’un repeuplement à long terme. »
L’autre espoir affiché est que les truites adultes de 25 ou 30 cm participent elles aussi à l’« effort » de reproduction. « De manière générale, la fario d’Auvergne, même passée par une pisciculture, s’avère très résistante. Une adulte retrouve rapidement son comportement « sauvage » de survivance et de fraie. On peut donc miser sur l’aptitude d’une partie de celles qui ont été lâchées à résister à la traque des pêcheurs et au temps. » Et peut-être, aussi, sur la compréhension de ces mêmes pécheurs et leur volonté de remettre à l’eau ce qu’ils en ont sorti. Vous avez dit noblesse ?
 

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