Les vies denses d’Agnès Clairand

Elle a grandi en Afrique, suivi ses études à Paris et migré vers la province à la trentaine. Ancienne libraire reconvertie dans le loisir créatif, Agnès Clairand aime « provoquer le changement ». Tiens donc !

Arnault Varanne

Le7.info

Au rez-de-chaussée de sa « Maison de papier », à deux pas de la cathédrale, Agnès Clairand vous accueille toujours avec un large sourire. Qu’importe si son atelier-boutique de vente de papiers -plus de deux cents modèles en stock- connaît des temps difficiles. Face aux effets conjugués de la crise économique et des travaux de Cœur d’Agglo, la créatrice d’objets déco s’apprête une nouvelle fois à « provoquer le changement ». À partir de l’automne, elle n’aura sans doute plus pignon sur rue (de la Cathédrale), mais une fenêtre ouverte sur le monde (*). « Je m’apprête à basculer mes activités sur Internet, confie Agnès. Mes clients pourront toujours me commander des papiers. »

Pour l’ancienne libraire de Sciences-Po, à Paris, une page se tourne. Mais quand on déménage, en moyenne, tous les deux ans depuis quarante ans, le virage paraît moins accentué. Jusqu’à ses 18 ans, cette passionnée de loisirs créatifs a sillonné l’Afrique de part en part, dans les valises de ses parents coopérants. Gabon, Zaïre, Rwanda, Cameroun… Elle connaît le continent par cœur ou presque. Seulement voilà, l’appel de Paris fut, à sa majorité, plus fort. « Une partie de ma famille habitait la capitale, ça a facilité la chose », reconnaît-elle.

« Il fallait que je sorte »

Entre sciences humaines et histoire de l’art, son cœur a souvent balancé. Mais c’est finalement le métier de libraire qui l’a happée. Jusqu’à ce déménagement à Poitiers, en 2005. « Avec Arnaud, mon mari, nous voulions élever notre fille en province. » L’attrait du vieux Poitiers tranche avec sa difficulté à dénicher un job semblable à celui qu’elle occupait à Paris. Après une expérience de quinze mois comme vendeuse chez Colombine et Domino, Agnès quitte l’univers des joueurs. Licenciée économique.

« Au bout de dix-huit mois, il fallait que je sorte, je n’en pouvais plus d’être renfermée ! » Alors, elle se décide à suivre des cours d’encadrement. Agnès accroche immédiatement. Et celle que sa prof appelle « ma brillante débutante » lance « La Maison de papier » en décembre 2009. Un succès jusqu’à ce premier semestre 2012, « difficile en termes de chiffre d’affaires ». Après l’Afrique, Paris et le plateau, cette « citadine convaincue » envisage même une autre retouche de taille dans sa vie : déménager « à la campagne ». Inenvisageable il y a encore quelques mois… D’où cette question existentielle : les gens changent-ils de vie ou la vie se charge-t-elle de les changer ?

(*) Les sites en construction se nommeront monuniverspapier.fr et agnesclairandcreations.fr

 

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