Cœur d’agglo, le mot de la fin

Lancés au printemps 2010, les travaux d’aménagement du centre-ville de Poitiers touchent à leur fin. Malgré les réticences du départ et les grincements de dents récurrents de certains commerçants, le chantier-phare du sextennat d’Alain Claeys a tenu ses promesses, en termes de délai et d’équilibre financier. Etat des lieux.

Nicolas Boursier

Le7.info

« Qu’aimeriez-vous que l’on dise de vous à la fin de votre mandat ? Que vous avez été un maire-bâtisseur ? » Février 2010. Dans l’intimité de son bureau, Alain Claeys s’abandonne à la confession. « Je n’ai aucune ambition personnelle, tout ce que je fais, c’est pour ma ville, uniquement pour ma ville. »

L’enfant des bords de Clain la joue modeste, clouant le bec aux voix des coulisses, qui le suspectent de vouloir faire de Poitiers la vitrine de ses inclinations personnelles pour l’innovation et le tape à l’œil. Objection, votre honneur ! Le Cœur d’agglo qu’il a voulu et qui s’élance doit être, assure-t-il, un creuset d’épanouissement populaire, de réconciliation entre les habitants et leur centre-ville. Pas le joujou d’un seul homme. D’ailleurs, aucun débordement ne sera consenti. « Ce chantier, tonne l’édile, ce sera 25 millions d’euros, pas un centime de plus. »

Deux ans et demi ont passé. Le réaménagement annoncé brûle ses derniers feux. Des milliers de pavés ont été jetés dans la mare aux promesses. De l’hôtel de ville à la préfecture, les odeurs et les bruits d’échappement ont cédé la place au cliquetis des couverts en terrasses. Seuls les Jardins de Puygarreau, à l’arrière de la mairie, et la rue Bourcani sont encore livrés à l’appétit des ouvriers. Du retard ! Quel retard ? « Nous nous étions préparés à ce que les sous-sols révèlent des trésors, signe le premier adjoint, Francis Chalard. Toutes ces découvertes archéologiques méritaient d’être approfondies. En prendre soin, c’est notre manière de remercier les Poitevins pour leurs encouragements et leur patience. »

Bourcani en clôture

Cette patience-là devra donc s’exprimer quelque temps encore. Jusqu’à septembre pour l’achèvement de la rénovation des rues Oudin, Paul-Guillon et de l’Eperon. Jusqu’à novembre pour la sortie de terre des Jardins de Puygarreau. Et quelques semaines supplémentaires pour l’aboutissement des efforts de préservation architecturale de la rue Bourcani. « Au final, soutient l’adjoint en charge des finances, nous aurons, à un mois près, tenu tous nos engagements. Et l’enveloppe de 25 millions d’euros, quinze pour la ville, dix de subventions, a couvert l’ensemble du chantier, y compris la partie invisible des travaux enterrés. Toutes les canalisations ont été changées dans des temps record, ça, c’est la vraie prouesse. »

Même si les oppositions politiques et populaires se font encore jour, l’œuvre municipale semble voguer sur des flots apaisés. Le voyage ne fait pourtant que commencer. « Cœur d’agglo n’est qu’une étape », concède Francis Chalard. Une étape dont ne saurait être exclu l’imposant programme de rénovation des façades lancé dès les prémices et que va bientôt intégrer la « verrue » du Printemps, avant aménagement des zones commerciales intérieures. « Le permis de construire a été déposé », soutient l’adjoint.

La restauration des 38 000 m2 d’espaces publics de l’hypercentre a mis deux ans à trouver la lumière. Une autre obligation, désormais, frappe à la porte : faciliter leur accès par l’extérieur. La priorité porte un nom : viaduc. Le point de ralliement entre la périphérie et le centre, par-delà la gare, est sur orbite. 28 millions d’euros ont été engagés pour que l’ouvrage et sa station de Bus à haut niveau de service puissent entrer en fonction à la fin de 2013. En usine, on a déjà commencé à assembler les pièces métalliques de la future structure. Premiers éléments livrés dès la fin août.

À lire aussi ...