Hugues Lallemand, <br>un départ en catimini

Directeur de l’Agence de créativité et d’attractivité du Poitou, Hugues Lallemand a quitté ses fonctions le 30 juin dernier. Après vingt-trois ans au service du développement touristique, ce proche de Jean-Pierre Raffarin devrait rebondir ailleurs.

Arnault Varanne

Le7.info

Le divorce semblait consommé depuis plusieurs mois. Il a officiellement été prononcé le 30 juin, jour de la Garden party du Département. Hugues Lallemand (*) a quitté ses fonctions de directeur de l’Agence de créativité et d’attractivité du Poitou (ACAP), bras armé du Conseil départemental, qui le finance à hauteur d’1,538M€ par an. Ainsi, après plus de vingt-trois ans de bons et loyaux services, le « Monsieur tourisme » de la Vienne, propulsé par René Monory, a plié les gaules. « D’un commun accord avec les instances dirigeantes », précise Guillaume de Russé, président (surprise) de l’Agence depuis avril.

Les deux parties ont en réalité scellé leur désaccord dans un protocole juridique d’une dizaine de pages, dans lequel ils s’engagent à « ne pas créer de polémiques ». Tout juste Guillaume de Russé consent-il à dire que « c’est une question de personnes » qui a poussé Hugues Lallemand à franchir le pas. « Il nous a dit qu’il ne pouvait plus travailler dans certaines conditions… » Sa décision remonterait à plusieurs mois, alors que Jean-Pierre Raffarin -dont il est un proche- était toujours président de la structure.

« C’est un gâchis »

« Hugues est un personnage complexe, mais qui a beaucoup de talent. Son départ est un gâchis », déplore Dominique Clément, conseiller départemental de la majorité. Le maire de Saint-Benoît ne cache pas que le départ programmé d’Hugues Lallemand fut « l’un des éléments » de sa démission de la vice-présidence au Tourisme, en octobre 2016. De fait, malgré un tempérament très affirmé, Hugues Lallemand laissera derrière lui un « très bon palmarès ». De Center Parcs à l’Institut Robuchon, de la Vallée des singes au Domaine de Dienné, il s’est « investi à fond dans bon nombre de dossiers », relève Dominique Clément. « Tout ce qui a été fait dans ce département, il y est pour quelque chose », embraie Jean-Daniel Blusseau, élu socialiste d’opposition au « CD86 » et membre du conseil d’administration de l’Agence de créativité et d’attractivité du Poitou.

Alors que l’ancien protégé de Jean-Pierre Raffarin pourrait rebondir dans une autre collectivité. son poste ne sera pas pourvu dans l’immédiat. Et pour cause, l’ACAP doit assumer le coût de cette séparation, plusieurs dizaines de milliers d’euros. « Nous ne procèderons donc pas au recrutement d’un nouveau directeur avant fin 2017. Par ailleurs, un départ en retraite à l’agence (20 permanents) ne sera pas remplacé. » Guillaume de Russé le jure, le Département ne versera pas un centime pour renflouer les caisses de l’agence.

(*) Contacté, Hugues Lallemand n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien. Sur la photo (à gauche), il est au côté de Dominique Réant, ancien vice-président du Tourisme du Département. 
 


Un rôle dans l’Institut Robuchon ?
Fortement mobilisé sur le dossier de l’Institut international de la gastronomie Joël Robuchon, à Montmorillon, Hugues Lallemand poursuivra-t-il sa mission ? Dans l’organigramme officiel, il est présenté comme le coordinateur général du projet. « Nous voulons d’abord le remercier pour l’extraordinaire travail qu’il a accompli », indique Alexandre Gelbart, en charge des relations publiques et de la communication de l’IIJR. Du côté des équipes, tout le monde souhaite qu’il continue à jouer un rôle. Nous y réfléchissons… »

 

 

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