Petit journal d'une confinée pas toujours très fine. Jour 20

Chaque jour ou presque, la rédaction donne carte blanche à une Poitevine confinée parmi les autres. Une quadragénaire en « quarantaine », dont la plume vous accompagne depuis le début de cette étrange parenthèse. Jour 20.

Arnault Varanne

Le7.info

Aujourd’hui, tout comme ces derniers jours cher journal, je me sens bien lasse. Le minimum d’actualité que j’ingère est à vomir… Tant de personnes malades, malheureuses, parties sans même une sépulture ou une cérémonie. Il y a peu, on osait à peine dire qu’il y aurait une prolongation d’isolement… et l’on nous parle à présent de déconfinement. Certains auraient même pris la route pour les « vacances ». J’avoue ne plus trop comprendre. A croire que les enseignements ne sont pas retenus par tout le monde. Mais comme dans tout traumatisme, il y a parfois le déni.

C’est comme cette fichue affaire de masques. Entre les détournements par le plus offrant sur le tarmac et l’arrivée des précieux filtres jetables, le manque cruel pour les praticiens et l’absence de position claire des autorités, je reste stupéfaite. Aujourd’hui, un « nouveau » décès de médecin dans l’Est est d’ailleurs à déplorer. A l’instar de plusieurs experts, je suis convaincue du bien-fondé de cette première « barrière ». D’ailleurs, j’ai de nouveau signé une pétition en ce sens aujourd’hui. Eh oui, une pétition pour des masques, cher journal… Alors que dans le même temps, je regarde la vidéo d’un Français vivant à Hong-Kong où le nombre de victimes du Covid est très faible. Et de rappeler que là-bas, 100% de la population porte quotidiennement son masque. J’ai l’impression que la dernière fois que j’écrivais, on en était au même point : c’est navrant, désespérant.

Je pense que notre société est vraiment à un tournant. Un nouveau dans son Histoire. Bien plus important qu’on ne l’aurait imaginé encore il y a quelques semaines. On dirait qu’elle a été arrêtée nette en pleine « course ». La course aux profits sans doute. Tout cela nous montre à quel point ce sont bien les seuls fondamentaux qui importent. Depuis ce mois de mars, les simples « exécutants » apparaissent bien comme essentiels, bien plus que les politiques ou industriels. Ils sont au cœur de la manœuvre et seulement dans l’action. Les tutoriels de couturières pour la fabrication de masques fleurissent sur Internet, les livreurs n’ont jamais été autant remerciés, les scientifiques se pressent pour trouver une échappatoire…

Et comme dans toutes les périodes de l’Histoire, cette société renaîtra. Mais mes vœux en ce jour seraient qu’elle n’attende pas la fin de la catastrophe pour changer. J’ai l’humble mais puissant sentiment que si dès aujourd’hui de nouvelles décisions étaient prises, de potentielles victimes seraient épargnées.

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