Réduits au silence en zone blanche

A l’heure de la 5G, la Vienne compte encore des zones blanches dans lesquelles les réseaux Internet et de téléphonie mobile sont très capricieux. Pour les habitants de ces villages, la patience est de mise.

Claire Brugier

Le7.info

« Nous sommes passés en 4G mais nous sommes toujours en zone blanche au moment de la foire ! » Et quelle foire ! Les Hérolles, « entre 200 et 300 commerçants et de 8 000 à 10 000 personnes tous les 29 du mois », rappelle le maire de Coulonges Jean-Charles Varescon. Le jour J, « la carte bancaire passe à certains endroits et pas à d’autres ». Au quotidien, « les administrés sont obligés de sortir de chez eux pour téléphoner... » Les zones blanches d’Internet et de la téléphonie mobile sont malheureusement souvent les mêmes. Romagne n’est pas mieux lotie. « Durant l’ancien mandat, plusieurs locataires ont rompu leur bail car ils ne pouvaient pas télétravailler », rappelle Jean Hugault, ancien adjoint. « On voit des gens se promener sur la place de l’église pour trouver du réseau... A la Vallée des Singes, ce sont 200 000 visiteurs par an qui sont confrontés au problème, renchérit l’actuel maire Jean-Pierre Maury. C’est un frein au développement rural. » Voire synonyme de danger.

Marie-Claude Cheminet, maire de Vaux-en-Couhé, en a eu l’exemple peu avant le confinement. « Un jeune homme a fait un malaise cardiaque, sa compagne a dû sortir à 300m pour contacter les secours. Puis, sur place, les pompiers n’ont pas pu transmettre les examens au Samu », raconte la première magistrate outrée, impuissante face aux récriminations de ses administrés.

La fibre pour tous en 2025

Les exemples sont pléthores. D’aucuns s’indignent, d’autres, à l’instar de Bernard Richefort, maire de Bourg-Archambault, semblent résignés. « J’ose espérer me tromper, mais la fibre nous ne l’aurons jamais. » Selon Séverine Saint-Pé, il se trompe. « L’objectif du Département est la fibre partout et pour tous à l’horizon 2025 », assure la vice-présidente en charge du numérique. Soit 250 000 lignes au total.

La première tranche s’achèvera fin 2021. 120 000 lignes (sur les périmètres 2011 de Grand Poitiers et Grand Châtellerault) ont été confiées à Orange infrastructures en fonds propres. Sur les 130 000 restantes, 20 000 ont profité depuis 2016 d’une montée en débit réalisée sous maîtrise d’ouvrage du Département. Il s’agit d’une première étape de raccordement à la fibre jusqu’à un répartiteur. « Sinon, la ruralité aurait attendu longtemps pour avoir la fibre. C’est une première marche qui nous a permis de contractualiser le reste avec Orange », explique Sévérine Saint-Pé. Le reste, c’est-à-dire le prolongement de la fibre jusqu’aux maisons. « Les études pour établir le schéma de dé- ploiement vont démarrer, les travaux s’étaleront entre 2022 et 2025. 80% du département devra être couvert dès 2023 », détaille l’élue. Parallèlement, le Département déploie la fibre sur dix communes (Chauvigny, Montmorillon, Civray, Vivonne, Neuville, Vouillé, Saint-Georges- lès-Baillargeaux, Jaunay-Marigny, Dangé et Loudun) et dans 92 points de priorité (collèges et zones économiques). Le coût total de l’opération s’élève à 52M€, co-financés par le Département (11M€), l’Europe, l’Etat, la Région et les communautés de communes.

Quant à la couverture en téléphonie mobile, elle est au bon vouloir des opérateurs. « Le New Deal Mobile signé entre le gouvernement et les opérateurs, en 2018, octroie à la Vienne un quota de quatre à cinq pylônes par an, explique Séverine Saint-Pé. Or on estime qu’il en faudrait une vingtaine. En comptant deux ans de délai d’installation, on arriverait à une couverture de la Vienne en 2026. C’est pourquoi on en demande plus tous les ans ! »

 

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