Elections américaines : Brian McCoy, entre "tristesse" et "espoir"
Steve Henot

Le7.info

Musicien américain installé à Buxerolles depuis 2016, Brian McCoy a suivi les élections de son pays en regardant la télévision française. "C'est chaud", estimait-il hier soir, à la lecture des premiers résultats connus. "Je suis un petit peu triste car l'Ohio, d'où je viens, est bien rouge (Trump s'y est imposé avec 53,4% des suffrages, ndlr). Mon Etat a toujours élu le futur président des Etats-Unis, cela voudrait dire que Trump va gagner... Mais pour l'instant, j'ai encore l'espoir que les choses changent. Il y a aussi eu des petites surprises, comme en Viriginie et en Arizona qui sont devenus bleus."

En 2016, l'Ohio s'était déjà prononcé en faveur de Trump, après avoir pourtant élu le démocrate Obama. Brian McCoy a constaté ce glissement progressif au cours des dernières années. "Les gens ont vieilli, avec la peur de beaucoup de choses... Il y a des riches, mais aussi de nombreux ouvriers et paysans qui ont des conditions de vie difficiles. Il y a beaucoup d'usines, mais certaines ont été délocalisées. On dit que Trump a créé des emplois, mais des postes pas très rémunérateurs ni épanouissants. Quand j'étais encore là-bas, j'ai vu cette déprime s'installer, les mentalités revenir en arrière."

Brian McCoy a quitté son pays après l'élection de Donald Trump en 2016. Quatre ans après, il porte un regard très critique sur le mandat du candidat républicain. "S'il est réélu, que va-t-il se passer ? Je pense que le pays s'effrondrerait. Ces quatre années ont été très difficiles. Il prend tout l'espace, n'est pas aimable avec les autres dirigeants, est égocentrique et narcissique... Il n'a pas été un bon représentant, presque un dictateur. Il veut le pouvoir absolu. Je ne comprends pas que les gens ne le voient pas comme ça. Mon père me dit qu'il y a un vrai culte de la personnalité autour de lui. Il y avait déjà des problèmes aux Etats-Unis, notamment de racisme, mais grâce ou à cause de lui, tout est exacerbé aujourd'hui."

Pour le musicien, cette Présidentielle affiche surtout au grand jour les limites du système électoral américain. "Pour moi, il faut le jeter ! Ce sont les collèges électoraux qui ont voté Trump en 2016, pas le peuple. Alors qu'en France, les élections reflètent le vote des gens. C'est un débat pour beaucoup d'Américains, depuis longtemps. On est un jeune pays mais notre Constitution n'a jamais été rénovée, on n'a jamais changé le système. Maintenant, c'est le moment." Alors que Joe Biden n'est plus qu'à six grands électeurs de remporter l'élection, Brian McCoy ne croit pas à des changements profonds si cette victoire du candidat démocrate se confirme. Le duel Trump-Biden ne l'a jamais enthousiasmé. "Comment ça marche un pays avec -désolé du mot- deux vieux mecs qui ont énormément d'argent ?", questionne-t-il.

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