Florence Jardin : « Les clivages ont toujours eu lieu »

Sur les deux sujets brûlants du moment, l’aéroport et le budget, la présidente de la communauté urbaine Florence Jardin monte au front.

Arnault Varanne

Le7.info

Quel est votre niveau d’information sur l’implantation d’un éventuel projet de maintenance d’hélicoptères (70 emplois) à Poitiers-Biard ?
« Renseignements pris, on a encore peu d’éléments sur ce projet. Nous ne l’avons pas évoqué lors du conseil syndical de l’aéroport car la compétence économique revient à Grand Poitiers. Le dossier a été amené par l’Adie Nouvelle-Aquitaine, pas directement par le porteur de projet, qui prospecte plus largement. On n’a pas encore d’éléments sur ce que cela représente en termes de volume, de rotations d’hélicoptères, d’investissements... Mais notre premier regard sera sur l’impact environnemental et les nuisances auprès des habitants. On n’est pas dans l’idée de prendre n’importe quel projet à tout prix. Si on prend Forsee Power, c’est 300 emplois. Il faut choisir ce qui ressemble à notre territoire. »

Quel signal Grand Poitiers veut-il donner à l’extérieur sur la notion d’attractivité ?
« Pourquoi lier systématiquement l’aéroport à l’attractivité ? Si on écoute les habitants, je ne suis pas sûre que beaucoup viennent s’installer à cause (sic) de l’aéroport. En tout cas, personne ne le dit. Cela correspond à un vieux schéma qui classait les territoires en fonction de leurs équipements. Les choses évoluent, les gens recherchent plutôt une qualité de vie. On a la LGV, qui nous met à bonne distance de grandes villes, une autoroute, donc des mobilités plus larges et populaires au sens noble du terme. »

« Si l’aéroport n’est pas viable... »

La délibération sur l’aéroport, votée lors des orientations budgétaires, a révélé quelques lignes de fracture entre élus. Avez-vous réussi à réinstaurer du clivage gauche-droite ?

« Les clivages ont toujours eu lieu, mais en fait il y a deux manières de les gérer : soit on organise un débat démocratique et on vote, soit on met les sujets sous la table. Mais du coup, quelle politique on propose ? Avec quelle légitimité ? Je veux permettre aux gens de s’exprimer. Le débat, ce n’est pas du clivage, c’est avancer avec des propositions légitimes. »

Grand Poitiers est engagé pour au moins six ans dans le financement de l’aéroport...
« Et nous allons respecter le contrat, nos engagements. En revanche, on n’accepte pas de les revoir à baisse (les objectifs, ndlr) pour le délégataire. Si ce n’est pas viable, on ne doit pas gaspiller l’argent public. Le quatrième point vise justement à se projeter, en intégrant notamment le CHU. On veut nous faire dire qu’on est contre l’économie et l’aéroport, mais en réalité on est favorable à adapter l’outil aux besoins du territoire. »

Vous avez choisi d’augmenter fortement le taux intercommunal sur la taxe foncière, ce qui représente une hausse de 30 à 100€ par propriétaire. Etait-ce la seule solution ?
« La fiscalité sur le foncier bâti est notre seul levier pour générer de nouvelles recettes puisque la taxe d’habitation disparaît. Nous sommes sur un besoin de financement complémentaire de 8M€. Même des économies sur le fonctionnement et de nouvelles subventions n’auraient pas permis de dégager cette somme. On aurait pu aussi diminuer les investissements, donc diminuer les services à la population... »

« Sécuriser le budget »

Sauf que là, vous comptez réalisez plus d’investissements qu’en 2020, 35M€ réalisés contre 33M€, non ? 
« Et on n’arrive pas à concurrence des besoins ! On a eu des demandes des services, des élus, pour des urgences dans les déchèteries, les équipements sportifs... Il aurait fallu près de 60M€. On va essayer d’atteindre les 35M€ nets d’investissement en n’augmentant pas l’endettement, qui est à un niveau déjà élevé. Si on ne faisait pas cette augmentation de taux dès maintenant, on serait allé au-devant de difficultés. Cela nous permet de sécuriser le budget, ce qui ne veut pas dire qu’on ne touchera plus jamais à l’impôt. Je ne peux pas prendre cet engagement. »

Après les députés Sacha Houlié et Françoise Ballet-Blu, la préfète de la Vienne a publiquement démenti le fait que les dotations de l’Etat avaient baissé...  
« La préfète souligne que depuis 2017, il n’y a pas eu de baisse de dotations pour Grand Poitiers. Ce n’est pas faux. Nous disons de notre côté que le cumul des baisses jusqu’à la fusion a fragilisé le budget. Ensuite, on nous avait promis 3,3M€ supplémentaires du fait de la fusion et du passage en communauté urbaine. Au final, nous sommes à 1,1M€. L’écart est conséquent. On continue d’avoir un manque à gagner sur la taxe d’habitation, qui se base sur 2017, alors qu’on est en 2021. La dynamique en termes de bâti n’est pas prise en compte (400 000€ estimés, ndlr). »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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