Nicolas Tié, la voie olympique

La rédaction du 7 consacre une série aux Poitevins expatriés dont le parcours sort de l’ordinaire, mais aussi aux étrangers ayant jeté l’ancre dans la Vienne. Rencontre avec Nicolas Tié, gardien de but formé au Stade poitevin FC puis à Chelsea, qui vient de disputer les Jeux olympiques avec la Côte d’Ivoire.

Steve Henot

Le7.info

Racontez-nous votre enfance...
« Je suis arrivé à Poitiers vers 
3 ans (il est né à Lille le 13 février 2001, ndlr). J’y ai grandi avec mon père et mes deux grands frères qui ont aujourd’hui 22 et 28 ans. On n’a jamais manqué de rien. C’est là que j’ai commencé à pratiquer le football. »


Petit, à quoi rêviez-vous ?
« J’ai toujours kiffé le foot, pas mal le sport automobile aussi… Mais ce serait vous mentir de dire que je rêvais de devenir professionnel ! J’ai seulement commencé à y penser quand mes parents se sont séparés. Et je n’avais pas d’autre aspiration ou de métier en tête. »


Quelles études avez-vous faites ?
« J’ai effectué ma 6e au collège Jules-Verne, à Buxerolles, puis j’ai intégré le Pôle espoirs de Châteauroux, de la 5e à la 4e. J’ai ensuite signé à Chelsea, en Angleterre, à l’âge de 13 ans. Au début, on avait trouvé un accord avec le club pour que je vienne à Londres seulement lorsque l’on avait besoin de moi. Le reste du temps, je continuais les cours à Poitiers, au lycée Isaac-de-l’Etoile. Mais au final, j’étais plus souvent à Londres et cela devenait compliqué à concilier avec les études. Je n’ai pas le bac, mais j’ai passé des diplômes de langues. »


Votre carrière en quelques mots ?
« Je suis chanceux. J’ai quand même beaucoup travaillé, mais j’ai toujours été bien entouré par ma famille, mes proches et mes agents. J’ai aussi eu la chance de travailler avec Henrique Hilario et Christophe (Lollichon), mes entraîneurs à Chelsea. Là-bas, on m’a toujours traité comme « l’enfant du club », j’ai été surclassé dans toutes les catégories, des U13 jusqu’à la Premier League 2. Hilario m’avait même mis avec les A, inscrit sur les listes de coupes et de la Champion’s League. Cela m’a motivé, mais je voyais que ce serait dur d’avoir du temps de jeu. Je n’étais pas fermé à l’idée de revenir en France, mais j’aime aussi découvrir de nouvelles cultures. L’offre du Vitória Guimarães (au Portugal, ndlr) est celle qui me donnait le plus de garanties. Hilario et Christophe étaient un peu déçus que je parte, c’est normal, mais ils ont toujours compris mes décisions. »


Un tournant dans 
cette jeune carrière ?
« La première fois que j’ai été appelé avec les A de la sélection ivoirienne (ses parents sont Ivoiriens, ndlr), en octobre 2020. Je l’avais déjà été à 17 ou 18 ans, mais Chelsea m’avait retenu à l’époque. A mon arrivée, le coach Patrice Beaumelle m’a beaucoup parlé, mis en confiance et demandé de me concentrer sur moi-même, en vue d’aller aux Jeux de Tokyo cet été. Même si c’était compliqué avec la pandémie, le tournoi olympique(*) m’a beaucoup marqué. L’ambiance dans le groupe était vraiment bonne, on était encadré par des plus vieux que nous, Bailly, Gradel et Kessié, qui nous ont montré la voie. A refaire ! »


La Vienne vous a marqué pour…
« Le sport ! Entre le foot, le basket, le volley, le hockey sur glace… En vrai, Poitiers est une ville sportive ! Même pour des personnes qui ne sont pas de la région. De nombreux sportifs connus y ont été formés. J’étais moi-même à l’école avec Sekou Doumbouya (formé au PB86 et aujourd’hui aux Pistons de Detroit, ndlr). »


Quelle est selon vous la personnalité qui symbolise 
le plus la Vienne ?
(Il réfléchit) « Quand je parle de Poitiers avec des potes, ils me citent direct Earvin Ngapeth ou Evan Fournier… Alors je dirais la même chose qu’eux ! »

(*)La sélection olympique ivoirienne s’est inclinée en quart de finale (2-5, ap) contre l’Espagne, finaliste du tournoi.

DR - Vitoria Guimaraes

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