Immobilier dans la Vienne : attention, marché en tension

2021 a été une année exceptionnelle pour l’immobilier. La Vienne n’échappe pas à l’effet d’aubaine post-Covid, avec un nombre de transactions record. La tendance est-elle appelée à se confirmer en 2022 ? Décryptage.

Steve Henot

Le7.info

En vingt-cinq ans de métier, il n’avait jamais connu une telle ruée sur les biens. « Le matin, je diffusais l’annonce d’un viager pour cinq personnes. L’après-midi-même, il était vendu », témoigne Philippe Guellerin. Comme nombre de ses confrères de la Vienne, le consultant immobilier installé à Neuville-de-Poitou sort d’une année hors norme. « On a réalisé 160 transactions sur l’année, du jamais vu. C’est, en volume, entre 10% et 20% de plus par agent. » 


Dans son baromètre 2021, la fédération nationale de l’immobilier (Fnaim) a recensé 
1 182 000 ventes en 2021. Deux fois plus qu’il y a dix ans. « On continue avec les effets de la Covid sur la réalisation des projets, qui marquent la reconquête des territoires et des campagnes, 
observe Benjamin de Tugny, président de la chambre Charente-Vienne-Deux-Sèvres de la Fnaim. Dans le bassin d’emploi châtelleraudais et dans le Civraisien, on est encore sur un marché actif en ce début d’année. » Avec l’arrivée en masse d’investisseurs locatifs, plus seulement locaux mais en provenance de Paris, Bordeaux, Angers… La première couronne de Poitiers n’est pas en reste. 
« Des communes comme Iteuil, Smarves ou encore Jaunay-Marigny commencent à être demandées », assure Franck Devincenzi, directeur technique de l’agence biensavendre.com à Poitiers.


« Le marché 
pourrait stagner »

Le cas du chef-lieu de la Vienne, prisé pour sa proximité avec la LGV et l’autoroute, reste particulier. La pénurie de biens guette. 
« On a cinq fois moins de produits qu’en 2019 », convient Stéphane Roy, directeur de l’Agence du Palais. Et pour cause, la plupart partent moins de vingt-quatre heures après la parution de l’annonce ! « On a déjà des acquéreurs avant la mise en vente, confie Phillippe Guellerin. Avant, je pouvais avoir entre 30 et 35 mandats de vente à l’année. Aujourd’hui, je n’en ai que quatre. D’autant qu’on est de plus en plus nombreux sur ce marché. » 


Cette rareté n’est pas sans faire grimper les prix de l’immobilier à Poitiers, de plus en plus difficiles à évaluer. « Le prix d’une maison a augmenté de 10% sur les douze derniers mois, indique Franck Devincenzi. Celui d’un appartement a pris 5%. » 
Le durcissement des critères d’octroi d’un crédit immobilier, au second semestre a toutefois permis d’éviter que « les banques financent la hausse des prix de manière incohérente », souligne Benjamin de Tugny. De quoi anticiper un tassement du marché en 2022 ? 
« Il y a plusieurs inconnues, sur la fin de la Covid -on l’espère tous-, une potentielle hausse des taux bancaires et sur les futures directions présidentielles. On est sur une année d’élections et certains vont attendre de voir quelles seront les nouvelles règles, notamment en matière fiscale. Ce ne sera peut-être pas une année difficile, mais le marché pourrait stagner. »


DR

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