L’IA à l’hôpital, un outil contrôlé

Utilisée comme aide au diagnostic médical ou pour les démarches administratives, l’intelligence artificielle est désormais bien ancrée au CHU de Poitiers. L’établissement s’est doté d’un comité de pilotage pluridisciplinaire et d’un comité scientifique pour encadrer et sécuriser ces nouveaux outils.

Charlotte Cresson

Le7.info

Reconnaissance d’images, aide au diagnostic clinique, mise en page de documents… L’intelligence artificielle (IA) prend peu à peu ses quartiers au CHU de Poitiers. Radiologue, le Dr Guillaume Herpe utilise l’IA dans sa spécialité depuis cinq ans. « Au CHU, l’IA est principalement utilisée de deux manières : comme aide au diagnostic en imagerie ou en anatomopathologie par exemple ou, depuis peu, comme outil conversationnel. » La direction du système informatique emploie notamment cette seconde forme d’IA pour la détection des menaces informatiques. Et les agents de l’établissement utilisent Mistral AI -l’équivalent français de ChatGPT- pour la mise en page de courriers ou l’aide à la traduction. « L’idée est de diminuer toutes les tâches à faible valeur ajoutée afin de se concentrer sur des tâches plus importantes. J’aime bien prendre l’exemple du vélo électrique. Je sais en faire sans batterie mais je vais plus vite avec », simplifie le Dr Herpe. Mais si l’IA séduit par ses promesses, elle suscite aussi des questionnements. Conscient de ces défis, l’établissement a officialisé la création, au printemps dernier, d’un comité de pilotage pluridisciplinaire dédié, doublé d’un comité scientifique.


« Un outil 
complémentaire, 
pas un remplaçant »

Composé de médecins, de représentants du personnel soignant, d’éthiciens ou encore de professionnels de l’informatique, ce comité a pour mission d’éclairer les choix du CHU en matière d’outils numériques et de veiller à leur bonne intégration. « On s’engage notamment dans une grosse démarche de formation du personnel », précise le coordinateur médical. Concrètement, le comité se prononce sur chaque projet impliquant l’IA, qu’il s’agisse des logiciels d’aide à la décision médicale (diagnostic, prédiction de pathologies...) ou de gestion administrative. « Tous les services sont sollicités par des startups qui font des promesses d’amélioration mais il faut s’assurer que ce qu’elles proposent convienne à nos pratiques. » Au CHU, l’IA améliore de 5 à 10% les performances du personnel en respectant des conditions strictes. « On s’assure que ce sont les meilleurs outils, utilisés dans les bonnes conditions et toujours sous supervision humaine. C’est un outil complémentaire, pas un remplaçant », martèle le radiologue. Hors de question également de partager les données des patients, secret médical oblige. Conscient que le sujet de l’IA dépasse son seul cadre, le CHU de Poitiers étend sa réflexion à l’échelle régionale en proposant aux CHU de Bordeaux et de Limoges de créer un comité de réflexion et de suivi des initiatives en IA.

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