
Aujourd'hui
Si les deux sujets semblent à première vue assez éloignés, il existe de nombreux points communs entre ces risques, d’abord pour notre santé. Pour la 8e année, nous venons d’organiser en septembre à l’université de Poitiers, mais aussi à Limoges et Bordeaux, le programme HappyDoc pour les étudiants de 2e année d’études en santé (médecine, pharmacie, orthophonie, maïeutique). Celui-ci vise à accompagner nos futurs soignants vers les meilleures habitudes de vie, d’abord pour eux immédiatement et ensuite pour nous un peu plus tard (ils vont nous soigner). Le cardiologue François Carré, lors d’une intervention tonique devant presque 400 personnes, a ainsi démontré à quel point nous vivons un paradoxe sur le sujet du « bouger plus ». Il indique que « nous sommes devant un tsunami sociétal d'inactivité physique et de sédentarité », mais en même temps que « nous sommes face à ça comme devant le réchauffement climatique... J'entends des promesses et ce ne sont que des mots. Et ça fait quarante ans que je les entends ». Cette dernière phrase a été prononcée au Sénat il y a un an et il a reçu une… standing ovation !
Ainsi, dans la lutte contre la sédentarité comme sur la catastrophe écologique, il ne s’agit pas d’une crise, la parole scientifique est claire et précise. La question de la responsabilité individuelle ne peut plus être l’unique réponse. Oui, nous pouvons (devons) prendre les escaliers, pratiquer une activité physique ou sportive régulière, oui nous pouvons (devons) limiter notre consommation énergétique, en eau, manger local et de saison… Mais une réponse collective, donc politique, doit maintenant permettre de changer d’échelle pour être cohérent et surtout proportionné à la réalité.
Comment imaginer poursuivre la diffusion de messages des pouvoirs publics faisant la promotion du « bouger plus », tout en demandant (en obligeant) un « bon élève » à rester assis, à ne pas bouger ? C’est évidemment valable aussi à l’université, au travail… Comment imaginer poursuivre des campagnes de communication grand public de déconsommation (l’Ademe a commencé intelligemment à le faire) tout en incitant à consommer toujours plus pour relancer l’économie.
Les paradoxes voire les contradictions sont partout. Dans le film Nature, le photographe Yann Arthus-Bertrand conclut par cette phrase : « Nous ne croyons pas ce que nous savons. »
Si nous accordons réellement du crédit aux scientifiques nous indiquant que « nos collégiens de 15 ans préparent leur infarctus à 30 ans » et que le dépassement des limites planétaires (déjà sept sur neuf) est un « mécanisme irréversible qui conduit à des phénomènes d’emballement et d’aggravation », alors il est temps d’apporter des réponses collectives à la hauteur des enjeux.
CV express
Maître de conférences associé à mi-temps sur le master management du sport Staps de l’université de Poitiers. Entrepreneur dans le domaine des organisations sportives.
J’aime : ma famille, mes amis, le paddle et le padel, les échanges avec les étudiants, passer une journée à la plage et la terminer en prenant l’apéro. Imaginer l’avenir… et participer à sa construction, lire, écouter, regarder les gens inspirants qui pensent sérieusement qu’on peut faire autrement.
J’aime pas : les phrases telles que « On a toujours fait comme ça », « Qui paye commande », « C’est pas possible », les gens sans convictions.
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