
Aujourd'hui
Les échecs traînent une réputation tenace : celle d’un jeu réservé aux surdoués. On imagine volontiers des prodiges capables de mémoriser des milliers de parties ou des figures quasi mythiques comme Bobby Fisher ou Garry Kasparov, symboles d’une intelligence hors du commun. Pourtant, cette vision n’est qu’une partie de l’histoire et repose surtout sur des idées reçues. « On ne peut pas affirmer qu’il y a un lien entre échecs et intelligence », indique Romain Trincherini, chercheur en psychologie cognitive et membre du club Poitiers-Migné Echecs. Les études menées depuis plusieurs décennies n’ont en effet jamais réussi à établir une équation simple du type « bon joueur = quotient intellectuel élevé ». Certes, le jeu mobilise quelques aptitudes comme « les capacités de mémorisation, d’analyse et de projection », mais aucune étude n’a démontré qu’il fallait être un génie pour jouer. « L’imagerie montre une activité plus importante du cortex préfrontal ventromédian lors d’une partie d’échecs. Il s’agit d’une zone du cerveau impliquée dans la prise de décisions. Mais cela renvoie au débat entre l’inné et l’acquis. » L’entraînement développe-t-il ces capacités cognitives ? Ou est-ce l’inverse ? Ceux qui disposent déjà d’aptitude particulières se tournent-ils vers ce sport ? Les chercheurs débattent encore.
« Pendant des années, le jeu était réservé à une élite. Tout le monde ne pouvait pas y jouer. Cela a donné l’image d’un jeu inaccessible. » Pourtant, dans les clubs, des enfants de 5 ans côtoient des retraités et des amateurs occasionnels affrontent des passionnés acharnés. « Évidemment qu’il sera plus difficile de devenir maître en commençant à 30 ans, mais comme pour n’importe quel sport finalement. » Le mythe du joueur d’échecs forcément brillant est aussi alimenté par le cinéma et la littérature. Dans l’imaginaire collectif, le maître d’échecs est un stratège solitaire qui planifie vingt coups à l’avance. « Le chercheur André Didierjean a voulu comprendre comment fonctionnaient les très bons joueurs. Ils appliquent la méthode du chunking. » Les joueurs voient ainsi des groupes de pièces liées entre elles. Une technique qui s’acquiert finalement avec le temps et la pratique. Lors d’une table ronde le 7 octobre prochain, experts et joueurs tenteront de désamorcer les clichés autour du célèbre jeu et rappelleront une évidence : les échecs ne mesurent pas l’intelligence, ils la mettent en mouvement.
Fête de la science : 3, 2, 1...
La Fête de la science 2025, c’est du 3 au 13 octobre. Le thème ? « Intelligence(s) ». Pour l’occasion, l’Espace Mendès-France de Poitiers propose cette année encore un large choix d’animations, spectacles, expositions ou encore conférences avec un mot d’ordre : la pluridisciplinarité. Pour célébrer cet événement tant attendu par les curieux, le centre de culture scientifique vous propose un lancement en grande pompe lors d’une soirée à la salle des fêtes de Celle-Lévescault vendredi à 18h. Au programme, un moment convivial et festif. La conférence-spectacle « Les abeilles sont-elles bonnes en maths ? », par la compagnie Barbara Reyes, ouvrira le bal et permettra de comprendre à quel point les mathématiques sont omniprésentes dans la vie des abeilles… et la nôtre. Cette conférence originale du docteur en mathématiques Romain Demelle et de la comédienne Héloïse Swartz sera suivie d’une autre intitulée « Envisager l’élevage de demain au regard des limites planétaires », par le directeur scientifique agriculture de l’Inrae, Christian Huyghe. L’ingénieur agronome reviendra sur les recherches et innovation pensées pour un système d’élevage adapté au changement climatique, à la neutralité carbone mais aussi à l’attractivité et à la vitalité économique.
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