La Région a organisé, hier, un débat autour de la future grande région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. Quatre cents personnes étaient réunies dans l’amphi de la Fac de droit. Au final, des questions de taille restent en suspens.

Arnault Varanne

Le7.info

Une rencontre-débat le vendredi (5), une rencontre au sommet lundi (8). Jean-François Macaire et l’exécutif régional ont pris le parti d’anticiper le 1er janvier 2016, plutôt que de subir la réforme territoriale. Hier, le patron de la Région, ses vice-présidents Yves Debiens et Françoise Mesnard ont ainsi donné le « la » à un changement historique sur l’échiquier territorial et administratif. Dans le plus vaste espace français en superficie, quelle place Poitou-Charentes peut-elle occuper, au côté du géant aquitain ? « Personne ne peut dire qu’il écrasera les autres, avance le lieutenant de Ségolène Royal. Nous ne serons pas obligés de généraliser toutes les politiques, ni de détruire ce qui existe… »

N’empêche, dans l’attente de compétences claires et d’une feuille de route cohérente du gouvernement, difficile de tirer des plans sur la comète. « Cette espèce de désordre peut être créatif ! », veut croire Michel Hortolan, président du Ceser. « Il faut surtout, au-delà de la fusion technique, élaborer un projet stratégique », enfonce le président de Région. Sur le papier, tout le monde semble d’accord. Mais les contingences pratiques reviennent très vite sur le devant de la table. « Une fusion à trois ne doit pas signifier diviser les subventions aux associations par trois », met en garde le président de la Ligue de protection des oiseaux. « Quelle place Poitiers aura demain ? », interroge de son côté Philippe Rabit, conseiller régional d’opposition. « Quid des organisations telles que l’Agence régionale de santé ? », embraye le médecin généraliste Philippe Boutin.

« Si on chasse en meute… »


De son côté, le directeur du Tap Jérôme Lecardeur s’interroge sur l’articulation des politiques culturelles avec l’Etat. « Quelle péréquation sera mise en place ? » Dans ce chamboule tout administratif, le président de la Fédération régionale des arts de la rue est tout aussi inquiet. « La Région Poitou-Charentes est exemplaire sur le plan de la culture… » Sous-entendu, la grande région le sera-t-elle ? Les questions liées à la fiscalité ont également été soulevées au cours de ce long échange. Des craintes exprimées, mais aussi quelques opportunités déjà détectées. Jean-Michel Brunet, le fondateur du Domaine de Dienné, estime que l’Aquitaine, le Limousin et Poitou-Charentes auront « une vraie carte à jouer en matière de tourisme ».

« Si on chasse en meute, on sera très forts ! » De son côté, l’ancienne conseillère régionale écologiste Marie Legrand se veut volontariste sur le plan environnemental.  « Cette nouvelle région aura un potentiel incroyable en termes d’énergies renouvelables. » Avant d’ajouter perfidement : « Serons-nous prêts à avoir la corrida chez nous ? » La complexité de la réforme est résumée dans cette phrase. Les habitants des trois régions et douze départements devront apprendre à « s’apprivoiser » et travailler ensemble. Car de l’histoire à la culture, du tourisme à l’économie, peu d’éléments les relient aujourd’hui.  « Cette grande région, on ne doit pas la faire pour les économies, conclut Françoise Mesnard. On la fait pour se donner un avenir commun… »

 

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