Après plusieurs années d’expérience dans le social et la petite enfance, Jérôme Bouniot n’a plus voulu « avoir de patron ». L’électricien de formation a alors décidé de tenter sa chance comme auto-entrepreneur dans sa spécialité. « Mais je ne m’y suis pas retrouvé, administrativement », raconte l’artisan. C’est là, en 2016, qu’il prend donc connaissance de l’AlterBative, une coopérative poitevine qui propose aux professionnels du secteur de créer leur activité « différemment ».
D’abord, autour de valeurs d’écoconstruction, visant à réduire l’impact des chantiers sur l’environnement. Mais aussi et surtout, en offrant aux artisans le statut d’entrepreneur-salarié. « Un modèle méconnu, qui sort de l’ordinaire, assure Jérôme Bouniot. On y a tous les avantages du statut de salarié, tout en étant indépendant. » Pour faire simple, les membres de l’AlterBative bénéficient d’un accompagnement complet dans l’ensemble de leurs démarches (administratives, comptables, fiscales et juridiques), de formations et d’un salaire, en restant autonomes dans leur activité professionnelle. Au bout de trois ans de contrat, ils peuvent devenir sociétaires de la Scop. « On prend les décisions ensemble, affirme Jérôme Bouniot, par ailleurs co-gérant de la structure. Le but, c’est d’essayer de mettre une dimension sociale et humaine dans le travail. »
Outre « l’assurance de pouvoir travailler sereinement », ce modèle d’entreprise partagée est l’occasion de synergies nouvelles entre plusieurs métiers du bâtiment. Charpentiers, chauffagistes, couvreurs, menuisiers ébénistes, mosaïstes d’art, plombiers… « Souvent, on est amené à échanger nos carnets d’adresses. On peut avoir une complémentarité », souligne Jérôme Bouniot. Parfois, sur un même chantier.
Depuis sa création en 2014, la coopérative est parvenue à rassembler une multitude de savoir-faire sur le territoire, comptant aujourd’hui un total de 25 entrepreneurs-salariés. Un modèle rendu possible par la contribution financière de chaque professionnel, mais aussi des aides de la Région et de l'Europe. « L’idéal serait d’être 50 entrepreneurs-salariés pour que la structure puisse être autonome. » La coopérative génère aujourd’hui plus d’un million d’euros de chiffre d’affaires et cherche à renforcer son ancrage local, mais aussi dans les Deux-Sèvres, en Charente et Charente-Maritime.
Son activité n’a pas été trop ébranlée par le confinement. « Le téléphone s’est vite remis à fonctionner. Aussi, les bénéfices de la structure sont reversés en salaires l’année suivante, ce qui nous a permis d’absorber la crise, sur les deux mois où il n’y a pas eu de contribution. » Preuve que l’AlterBative a tout d’une alternative d’avenir pour les artisans du bâtiment.
DR - AlterBativeÀ lire aussi ...
