Anne Costa « Les dix derniers jours sont très inquiétants »

Le CHU de Poitiers commencera à déprogrammer certaines opérations à partir de lundi. « J’espère que les mesures nationales vont nous aider à tenir », indique Anne Costa, directrice générale de l’établissement.

Arnault Varanne

Le7.info

A l’heure actuelle (entretien réalisé hier), combien de personnes sont hospitalisées au CHU de Poitiers car touchées par la Covid-19 ? Et en réanimation ? 
« Environ 60 personnes touchées par le Covid-19 sont hospitalisées, dont 8 en réanimation. Trois viennent de Rhône-Alpes. »

Comment expliquez-vous cette explosion des chiffres depuis une dizaine de jours ? Quelles sont vos projections ? 
« Les chiffres étaient assez stables en septembre et jusqu’à mi-octobre. Puis la vague s’est levée au cours des dix derniers jours, qui sont très inquiétants. On est passé de 20 à 40 patients en un rien de temps, avec une légère diminution et une reprise très forte. Les chiffres du dépistage ont aussi augmenté dans le même temps. J’espère que les mesures nationales (le confinement, ndlr) vont nous aider à tenir le flux et à ne pas augmenter trop rapidement ou sur le long terme. Mais la réalité change tous les deux jours, d’où la nécessité de s’adapter en permanence. »

La situation est-elle plus préoccupante qu’au printemps ?
« En mars-avril, nous avons pu accueillir et soigner trente personnes d’autres régions parce que nous n’avons pas été touchés par la première vague. La proportion de ces patients Covid était supérieure à celle que nous avons à l’heure actuelle. Les traitements ne sont pas les mêmes. Par exemple, nous mettons aujourd’hui en place des hospitalisations à domicile (HAD) pour des patients en Ehpad. Reste que si nous avons commencé par des patients plus jeunes, on rejoint désormais la courbe nationale avec des patients âgés en réanimation. »

« Protégez-vous pour protéger les autres »

Quelles sont les capacités du CHU en nombre de lits pour faire face à cette deuxième vague ? Sont-elles supérieures au printemps ? 
« Elles sont pour l’instant inférieures car, au printemps, nous avions déprogrammé 50% de l’activité. Mais tout est susceptible de bouger. Nous avons acté un début de déprogrammation à partir de lundi. Cela concernera deux blocs opératoires sur vingt-cinq. Nous augmenterons le nombre de lits en réanimation en fonction des besoins. Des capacités existent en gériatrie, dans l’unité de soins de suite, le service des maladies infectieuses... Il faudra faire face en s’adaptant. »

Quelles opérations seront concernées ? 
« Sont concernées les opérations hors cancer, hors prévention du cancer, hors urgences, maladies chroniques et soins palliatifs. »

Vous avez déploré plusieurs cas de Covid dans le service de neurologie. Quelles sont les mesures mises en place pour éviter des contaminations massives au sein de l’hôpital ? 
« Huit patients ont été dépistés dans une unité de neurologie, il en reste 2 positifs. Dix-huit autres patients ont fait l’objet d’un dépistage. Par ailleurs, 16 personnels positifs sont restés en confinement à domicile pendant une semaine. La situation est redevenue calme et a permis de reprendre une activité normale. Notre message à tous les personnels, c’est « protégez-vous pour protéger les autres ». » 

Les soignants testés positifs à la Covid-19 mais asymptomatiques sont-ils tout de même réquisitionnés ? 
« Nous nous sommes posé la question en cellule de crise (qui se réunit désormais deux fois par semaine, ndlr) et nous avons répondu non. Cette doctrine n’évoluera pas. »

 

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