Des agents immobiliers dans l’expectative

Autorisés à poursuivre leurs activités, les agents immobiliers sont dans les faits très ralentis par le confinement.

Arnault Varanne

Le7.info

Qu’il paraît loin le premier trimestre 2020, période euphorique pour le marché immobilier, dans la foulée d’une année 2019 déjà exceptionnelle. En regardant dans le rétro, les professionnels du secteur seraient presque nostalgiques. « Certains de mes collègues ont réalisé de très, très belles ventes en janvier-février », assure Nicolas Pilleux, mandataire pour le réseau Dr House Immo. Même après le premier confinement, l’embellie s’est poursuivie, nourrie par des envies de changement de citadins en mal de grands espaces. « Le marché immobilier fonctionne, il n’est pas en crise », insiste l’agent indépendant. Simplement il est ralenti par le reconfinement, comme confiné.

Et pourtant, les agents immobiliers peuvent continuer à rentrer des mandats, visiter des biens, prendre des photos, réaliser des vidéos... Mais la visite physique de biens à des particuliers est toujours proscrite, alors qu’ils avaient espoir que cette interdiction soit levée par le Premier ministre Jean Castex, mi-novembre. « Certains de mes clients ont préféré retirer leur bien de la vente, en attendant un retour à la normale, à un climat plus serein, constate Gilles Thinon, directeur de l’agence Century 21 de Poitiers. On essaye de les rassurer sur le marché poitevin qui est stable, sur l’investissement qui reste raisonnable... Mais il y a tellement d’incertitudes. Les visites en visio ? Elles plaisent, mais elles ne se transforment pas en achat. »

« Mon client a reculé »

A ces décalages de projets -d’achat et de vente- dans le temps, s’ajoute un engorgement des mairies sur les droits de préemption et une certaine peur de l’avenir. « J’ai deux dossiers sur lesquels le client, qui travaille dans le privé, a clairement reculé en raison de la crise sanitaire », renchérit Gilles Thinon. « L’une de mes clientes qui travaille dans l’automobile a des difficultés à convaincre sa banque de la suivre dans son achat, admet un autre agent immobilier de la place de Poitiers. Elle a pourtant des revenus très confortables. Ce type de dossier ne posait aucun problème avant. »

A-t-on changé d’époque ? Un retour à la normale est-il à exclure ? Les professionnels espèrent que la crise sanitaire ne va pas déboucher sur une crise économique majeure, dont les primo-accédants seraient les premières victimes. « C’est eux qui sont en chômage partiel aujourd’hui, avec des revenus amputés et donc une possibilité réduite d’acheter un appartement ou une maison. » D’autant que les banques appliquent à la lettre les recommandations du Haut Conseil de stabilité financière sur le taux d’endettement et la durée du prêt. En dépit de ces signaux négatifs, les agents immobiliers ne désespèrent pas. « Nous sommes dans les starting-blocks et avons tous les outils pour redémarrer. »

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