Bertrand Pazos, 
comédien tout terrain

Il revient jouer au Théâtre-auditorium de Poitiers, ce mardi, dans Phèdre. Outre la scène, Bertrand Pazos écrit, prête sa voix et enseigne même… Une large palette qui est l’essence de son métier de comédien. Portrait.

Steve Henot

Le7.info

La Cie Pandora est une fidèle des programmations des Amis du théâtre populaire (ATP) de Poitiers. Après Nicomède, Suréna, Polyeucte (Corneille) ou le Tartuffe de Molière, elle joue Phèdre, ce mardi soir, sur la scène du Théâtre-auditorium de Poitiers. « C’est une pièce qui s’incarne énormément, très physique. C’est de la tragédie pure, j’ai beaucoup de plaisir à la jouer, confie Bertrand Pazos, qui campe Thésée. J’ai été surpris par l’aspect très concret de l’écriture de Racine, que je pensais plus mentale. »


« A l’aise avec le répertoire du XVIIe » et l’alexandrin, le comédien est le local de l’étape. Il a gardé « beaucoup d’amis et de la famille » dans la Vienne, où il a fait ses premières scènes. Membre d’une fratrie de onze enfants, Bertrand Pazos s’est initié au théâtre… en famille. 
« Durant les fêtes de fin d’année, notre mère nous poussait, avec mes frères et sœurs, à jouer un acte, une pièce dans le salon. D’abord devant les cousins, puis nous avons fini par le faire devant quatre cents personnes dans la salle des Castors de Buxerolles. Jouer ensemble a développé quelque chose en chacun d’entre nous. » La plupart sont aujourd’hui toujours investis dans le théâtre. « On est une famille un peu identifiée dans le milieu », sourit l’acteur de 44 ans.


Plusieurs cordes à son arc

Comme beaucoup de comédiens poitevins, Bertrand Pazos est passé par la compagnie de Jean-Pierre Berthomier. Puis après un cursus en lettres modernes à Poitiers, il est admis à l’Ecole nationale supérieure des arts et techniques du théâtre, à Lyon. Avec Romans, l’un de ses frères. « Deux frères dans une même promotion de douze étudiants, c’est assez rare », souligne-t-il. En 2003, Bertrand Pazos s’installe à Paris et se rapproche très vite de Brigitte Jaques-Wajeman, avec laquelle il collabore « de façon fidèle » depuis près de vingt ans. Et notamment sur Phèdre. « On est sur la même longueur d’onde. Elle m’a toujours proposé de beaux rôles, dans de très beaux théâtres. Elle est très exigeante dans la dramaturgie, dans le rapport au texte… C’est une metteuse en scène qui élève. »


Avec la cofondatrice de la Cie Pandora, il a assuré des cours à Sciences Po et animé des stages de formation à l’intention de jeunes acteurs. Il a aussi écrit de la poésie (Prix Arthur Rimbaud en 1998) et des spectacles, monté sa compagnie, prêté sa voix aux fictions de France Culture et France Inter, ainsi qu’à une cinquantaine de livres audio… « Il y en a pour cinq cents heures à m’écouter si on veut !, plaisante-t-il. Je suis un homme de théâtre, mais j’ai diversifié mes activités. Le comédien est quelqu’un de malléable, qui s’adapte, doit pouvoir changer de rôle… C’est inhérent à sa nature. » Sans oublier quelques apparitions sur petit et grand écrans. « Les tournages sont plus sporadiques, convient-il. Je suis moins allé chercher cet aspect-là du métier. Mais ce n’est pas fini. »

DR - Mirco Magliocca

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