Le nouvel or jaune du Futuroscope

Le saviez-vous ? L’urine humaine peut être recyclée et transformée en biostimulant destiné au monde agricole. A l’origine de cette innovation, une startup girondine qui collecte des litres d’urine partout en France et depuis un an au Futuroscope.

Steve Henot

Le7.info

Bien que dénués de chasse d’eau, ils ont l’air d’urinoirs tout à fait ordinaires. Et pourtant, sans que vous le sachiez, les toilettes situées dès l’entrée du Parc du Futuroscope ont la particularité de collecter… vos urines ! 
Le fameux liquide organique est récupéré dans une cuve attenante, qui est régulièrement vidée par la startup Toopi Organics. Mais à quelles fins ?


Fondée en 2019 en Gironde, la startup en question est spécialisée dans le recyclage et la transformation de l’urine humaine en… ressource durable pour l’agriculture et l’industrie. Si l’idée d’utiliser l’urine comme engrais n’est pas nouvelle, Toopi Organics est le premier au monde à en faire un biostimulant. « L’urine n’est plus utilisée comme fertilisant, mais comme milieu de culture pour des microorganismes améliorant la capacité des plantes à absorber les nutriments naturellement présents dans l’environnement », 
expliquent Michael Roes, fondateur, et Alexandra Carpentier, directrice générale. Une trentaine d’essais en parcelles expérimentales et en conditions réelles d’utilisation ont permis de démontrer le bénéfice du produit, qui vient d’être mis sur le marché après avis favorable des agences réglementaires.


100% des toilettes du parc dans les trois ans

Toopi Organics collecte déjà l’urine dans plusieurs aires d’autoroute Vinci, des collèges et lycées, sur des festivals de musiques actuelles comme Rock en Seine ou Solidays… Et au Futuroscope, depuis juillet 2021. Cette phase de test s’est avérée concluante : 23 tonnes d’urine ont déjà été collectées. Depuis, le parc s’est doté de deux nouveaux 
« blocs » d’urinoirs, un quatrième sera installé en janvier. Il vise 100% d’installations dans les trois ans. « Une action qui s’inscrit totalement dans la stratégie environnementale du parc », souligne Christine de Samie. La responsable communication et environnement de Futuroscope Maintenance et Développement (FMD) cite l’installation récente des thermofrigopompes ou celle à venir de panneaux solaires. Pour l’heure, l’urine est transformée dans l’usine de Toopi Organics basée en Gironde, mais la startup a engagé des discussions avec la coopérative poitevine de la Tricherie pour lancer une filière de proximité et ainsi limiter son empreinte carbone.


Par nature inépuisable, la ressource humaine répond à un double enjeu. « Collecter et utiliser un déchet pour en faire un produit agricole homologué, satisfaisant répondant aux exigences réglementaires les plus strictes, tout en économisant, en amont, l’eau potable des chasses d’eau », plaident Michael Roes et Alexandra Carpentier. Avec 6 000 milliards de litres d’eau potable dans les chasses d’eau, il y aurait de quoi économiser la ressource si Toopi Organics parvenait à réaliser son plan de développement en Europe. Soutenue par la BPI, l’Ademe et la Région, la startup girondine a déjà contractualisé la collecte de 2 millions de litres d’urine, couvrant la production des trois prochaines années. Elle prévoit en vitesse de croisière une collecte annuelle de 3,75 millions de litres et autant de volume de produits vendus d’ici 2027.

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