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Le suicide de Lucas et de Lindsay rappelle l’impuissance des institutions face au harcèlement scolaire. Malgré tout, les initiatives se multiplient pour inciter les ados à prendre la parole.
C’est la fin de la récréation au collège de Mirebeau. David cherche son sac sous le préau mais Gaël, son pire « ennemi », lui a subtilisé. Ce dernier le lui jette à la figure, fait tomber sa victime et lui donne des coups… Un autre élève arrive et fait semblant de ne rien voir. David se sent seul et perdu. Finalement, deux « grands » de 4e mettent fin à la bagarre. Gaël sera convoqué quelques jours plus tard en conseil de discipline… Cette scène n’a pas vraiment existé ! Il s’agit de l’une des quatre histoires imaginées par les élèves de 5e A du collège mirebalais. Elles ont servi de base à un roman-photo intitulé Flagrants délits. Une façon de montrer qu’« un des meilleurs moyens de lutter contre le harcèlement est de ne pas détourner les yeux, d’avoir le courage de dénoncer les coupables car ce n’est pas aux victimes d’avoir peur », précise la note d’intention de ce précieux document largement diffusé au sein de l’établissement.
« Ne pas minimiser des chamailleries »
Ce genre d’initiatives se multiplie dans les écoles et les collèges depuis quelques années, notamment à travers le concours d’affiches et de vidéos « Non au harcèlement », organisé par l’académie de Poitiers, auquel participent des milliers d’élèves. Le jeu de cartes Askip, créé cette année par des élèves du lycée professionnel Raoul-Mortier à Montmorillon, connaît en ce moment un succès inattendu. Les suicides de Lucas en janvier, et de Lindsay, il y a quelques jours, ont encore remonté le seuil de vigilance. Après ce drame, la Première ministre a d’ailleurs annoncé vouloir faire du harcèlement scolaire la « priorité absolue » de la rentrée 2023. « Les plaintes doivent êtres facilitées et les sanctions, à la hauteur », a déclaré Elisabeth Borne. Problème, dans le cas de l’adolescente de 13 ans, ses parents avaient déjà alerté le collège à plusieurs reprises et déposé deux plaintes. En vain. Caractériser les faits reste l’enjeu principal pour le chef d’établissement. Souvenez-vous du cas de Janelle (Le 7 n°541). « On ne doit pas minimiser des chamailleries d’enfants, insiste le Dasen de la Vienne, Fabrice Barthélémy. Le harcèlement est défini, nous avons des méthodes d’entretien, il faut mesurer l’implication de chacun et appliquer des sanctions proportionnées. » Il ajoute : « Quand la victime doit changer d’établissement, c’est un échec. »
Malheureusement le dénigrement continue aussi à l’extérieur de l’école, sur les réseaux sociaux. Le ministre de l’Education nationale a demandé qu’une heure de sensibilisation sur ce thème soit organisée dans l’urgence d’ici la fin de l’année scolaire dans tous les collèges. Pas simple avec le brevet cette semaine. Au collège Renaudot de Saint-Benoît, une dizaine d’élèves de 6e ont joué la semaine dernière une partie de Mediasphère, création du Clemi et de Canopé. L’occasion de faire le point sur leurs connaissances en s’amusant. « J’ai compris que si je me fais harceler, il faut en parler très vite », note Jasmine. « Je vais bien réfléchir avant de publier quelque chose sur les réseaux », renchérit Zoé. « Je leur ai aussi déposé beaucoup de ressources à voir avec leurs parents sur Pronote », conclut Isabelle Kessler, professeure documentaliste. En parlant des parents, Pap Ndiaye a d’ailleurs réclamé leur « mobilisation » sur le sujet car « l’école ne peut pas tout ».
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