Galeries : changer ou subir

Pour faire oublier des cellules qui se vident ici ou là, les galeries commerciales n’ont d’autres choix que de se réinventer. Leur défi : 
devenir de véritables lieux de vie pour rester attractives.

Claire Brugier

Le7.info

Les commerces de centre-ville ne sont pas les seuls à subir la concurrence d’Internet. Les galeries commerciales, même adossées à des hypermarchés, sont confrontées à des problématiques d’attractivité similaires, avec des boutiques qui déménagent vers des zones supposées plus attractives. Jusqu’alors installées dans le centre commercial Auchan-Châtellerault, propriété d’Othrys, Bonobo, Bréal et Cache-Cache ont ainsi récemment annoncé leur migration en mars prochain vers la zone d’Argenson. Dans le même temps, d’autres enseignes, comme Camaïeu ou San Marina, connaissent un sort plus funeste. Entre 2020 et 2023, 80 ont mis la clef sous la porte en France, dont 44% dans le secteur du textile et de la chaussure, ce même secteur qui a fait les riches heures des galeries. Pour faire oublier les cellules vides, l’urgence à se réinventer est donc bien réelle.

« Le modèle des zones commerciales des années 1960 a atteint ses limites, mais elles restent importantes pour les Français, indique-t-on chez Nhood. La société de service immobilier en charge des galeries Aushopping Poitiers-Sud et Aushopping Portes du Futur, à Chasseneuil, ambitionne d’« accompagner les évolutions de la société pour répondre aux nouvelles attentes et besoins des clients ». Comment ? « En animant les sites confiés » et « en développant la mixité d’usages » : restauration, nouveaux espaces, autres formes de commerces (éphémère, responsable…). Voilà pour la stratégie globale. Localement, Nhood joue la carte de la discrétion. Quant au centre commercial Leclerc Grand Large, à Poitiers, il préfère garder le silence « pour diverses raisons », explique son directeur administratif et financier Mickaël Lepeltier.

Galerie Beaulieu : 
« s’inscrire dans la durée »

Dans ce maillage de centres commerciaux, la Galerie Beaulieu fait, de par son ancienneté, figure de doyenne. Si Stéphane Dardoize avoue avoir trouvé à son arrivée « une galerie vieillissante », le lieu a depuis connu d’importants « travaux de redynamisation » et l'implantation d'Intermarché n’a fait qu’accentuer cet élan (+ 20% de fréquentation). « Nous avons créé des espaces de détente où se poser, avec des sièges, des bornes de recharge pour les portables, la Place… Il n’est pas incompatible d’attirer des clients tout en proposant autre chose que du shopping et des boutiques, note le directeur. On ne luttera pas sur les horaires, que nous avons d’ailleurs réduits, mais sur la qualité de l’accueil et du service. L’objectif est de s’inscrire dans la durée, que les gens prennent l’habitude d’avoir leurs habitudes ici. » La Galerie Beaulieu, sous-titrée 
« place à la vie », veut être un lieu de rendez-vous avec notamment le job dating Mod’emploi, les Optim’days menés avec Biclou ou encore la toute jeune Journée des livres. Stéphane Dardoize veille à « inscrire la galerie dans le tissu économique local et faire travailler en local ». Exemple : l’ex-boutique Camaïeu. Exit donc le 
« plan marchandisage identique partout ». Pour preuve, « nous avons aussi été les premiers à mettre en place les bornes de recyclage textile d’Origin et parmi les premiers sur l’application Navwei (Le 7 n°558). » Et ce en parallèle d’une « offre commerciale large, qui va de Chic ethnique à New Yorker ».

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