A 23 ans, Mélinda est la première apprentie infirmière du CHU de Poitiers. Ce nouveau statut lui a permis d'arrêter les jobs « alimentaires » pour se consacrer à ses études. De quoi séduire de nouveaux profils.
Dans quelques jours, Mélinda terminera le septième et dernier stage de sa formation d'infirmière au CHU de Poitiers. Elle travaille auprès des prématurés dans le service de réanimation néonatale. « Les tout petits poids », comme elle les appelle affectueusement. A tout juste 23 ans, cette Rochelaise en blouse verte a tout d'une étudiante comme les autres... Sauf qu'elle est la première soignante du CHU à avoir pu accéder au statut d'apprentie.
Dans la Vienne, l'opportunité existe depuis à peine un an. Mélinda a signé son contrat en avril 2023. « Il fallait fournir une lettre de motivation, un CV et avoir validé tous ses partiels. Pas de rattrapage. » La jeune femme n'a pas hésité une seconde. Il faut dire que le statut d'apprentie offre quelques avantages. Le nombre de stages pratiques est le même que sous statut scolaire. Mais le bonus, c'est la rémunération fixe. Auparavant, pendant ses deux premières années d'études, Mélinda travaillait trois week-ends sur quatre comme auxiliaire de vie sociale puis aide-soignante. Une manière de « ne pas être à la charge de son compagnon ». Finalement, le CHU s'est ouvert à l'apprentissage à l'aube de sa troisième année. Pour elle, « c'est arrivé au bon moment, j'aimais ce que je faisais mais j'étais en train de ruiner ma santé. Grâce à cela, j'ai pu me concentrer sur mes études et mon mémoire ». Un mémoire rendu début décembre, à son plus grand soulagement.
Vecteur d'accès à la fac
L'apprentissage permet d'acquérir en même temps un diplôme et une expérience professionnelle. En contrepartie de ces avantages, Mélinda s'est engagée à rester deux ans au service du CHU. C'est le cas avec la plupart des employeurs. « Ça ne me choque pas puisque c'est le temps pour devenir titulaire de la fonction publique. » Et elle a toujours été bien accueillie par ses collègues. Pour l'instant méconnu, ce nouveau statut devrait rapidement faire des émules. « L'apprentissage est un vrai vecteur social d'accès à l'enseignement supérieur car les apprentis bénéficient d'une rémunération, d'une aide à la restauration, au permis B, à la mobilité internationale... », souligne Stéphane Gilot, directeur du CFA Sup. Cette structure gère les volets administratif et financier de 1 700 contrats dans 85 formations en Nouvelle-Aquitaine. Fin janvier, elle mènera une action de sensibilisation auprès de la nouvelle génération d'étudiants infirmiers, mais aussi des kinés, des « manip radio »... De son côté, Mélinda a déjà un poste assuré en mars.