Les médiateurs de rue 
sont dans la place

C’est tout un symbole : le nouveau service de médiation de Grand Poitiers a pris ses quartiers aux Couronneries, à quelques mètres de l’épicentre des émeutes de juin 2023. Les huit médiateurs de rue ont pour mission de favoriser le vivre-ensemble.

Claire Brugier

Le7.info

Il pleut, et alors ? Il en faudrait davantage pour les arrêter. Cet après-midi-là, les médiateurs de rue ont ciblé le quartier des Trois-Cités et, en réponse à une saisine, la médiathèque François-Mitterrand en centre-ville de Poitiers. Au total, ils sont huit à incarner sur le terrain le tout nouveau service de médiation mis en place sur le territoire de Grand Poitiers. Si les bureaux installés derrière la place de Coimbra ne sont pas encore tout à fait meublés, Bintou, Hayat, Farah, Hervé, Tony, Pauline, Mohamed et Adrien, le coordonnateur de toute cette petite équipe, sont déjà à pied d’œuvre, traquant dans le dialogue et avec le sourire les conflits d’usage suscités par un problème de déchets sauvages, un riverain un peu trop fan des barbecues... Tous connaissent déjà les quartiers, le travail de terrain et pour la plupart le secteur social. Et tous se déplacent en bus. « Cela nous met en posture d’habitant et cela nous permet de faire de la prévention des risques… et des rixes. Et puis le bus fait le lien entre tous les quartiers », explique Adrien, un ancien salarié de l’Association pour la sauvegarde de l’enfant à l’adulte (Adsea) qui assurait auparavant le service de médiation. Le cadre a changé, pas les missions.

Au service des politiques publiques

« La Ville avait déjà la volonté de requestionner une présence humaine pour favoriser le lien social, mais le constat des violences urbaines de juin 2023 a accéléré le processus », explique Alexandra Duval, présidente du jeune Collectif Médiation Grand Poitiers, par ailleurs vice-présidente de la communauté urbaine.
 Créé par arrêté préfectoral le 
13 novembre dernier, le Groupement d’intérêt public (Gip) rassemble Grand Poitiers, Poitiers, Ekidom, Vitalis, Habitat de la Vienne et Poitou Habitat jeunes. « Mais désormais les partenaires ne sont plus seulement financeurs, ils effectuent un travail de pilotage, insiste Alexandra Duval. Le Gip va nous permettre d’affiner la vision de la réalité de nos territoires en termes de climat et de veille sociale, et de travailler en conséquence avec les équipes pour ajuster la réponse. » 


Dirigé par Alexandra Abbassi, le Gip couvre Poitiers mais aussi les 39 autres communes de l’agglo selon les besoins (conseils, soutien, ingénierie…). Les médiateurs peuvent s’emparer directement d’un conflit d’usage, agir par saisine d’un financeur ou d’un partenaire privilégié, ou bien mettre en place des actions collectives, autour d’un thé, d’un jeu… 
« Nous ne sommes pas là pour apporter des réponses clef en main mais pour aller vers, capter les besoins, lever les freins et permettre aux habitants de résoudre leurs problèmes en leur laissant leur pouvoir d’agir », prévient Adrien. 


Une halte au centre socio-
culturel des Trois-Cités le temps de discuter avec un animateur, une salariée des Arpenteurs et les Locataires solidaires, puis Hayat, Tony et Adrien se dirigent vers le centre commercial. Ils s’attardent auprès des gérants du nouveau kebab Street Food City autour d’un thé à la menthe réconfortant, saluent la boulangère avant de s’arrêter à l’espace France Services… Il pleut, et alors ? Il y a aussi une vie de quartier à l’abri de la pluie.

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