Le CHU fait le pari de 
la cryothérapie

Utilisée, pour la première fois au CHU de Poitiers, en juin dernier, sur une patiente nonagénaire, la cryothérapie pourrait devenir une alternative de poids à la tumorectomie dans le traitement du cancer du sein.

Nicolas Boursier

Le7.info

Sur certains types de cancer du rein comme en traitement de l’endométriose pariétale, elle avait jusqu’alors à maintes reprises fait la preuve de son efficacité. Au 19 juin de cette année, une nouvelle ère de progrès s’est sans doute ouverte pour le CHU de Poitiers. C’est en tout cas à cette date que la cryothérapie a été officiellement intégrée à l’arsenal thérapeutique des différents services (radiologie, sénologie, chirurgie, oncologie…) concernés par le combat contre le cancer du sein. Pour la première fois dans l’histoire de l’établissement, une patiente de 90 ans a en effet fait l’objet d’une procédure dédiée de « traitement par le froid ». Une seconde, âgée de 80 ans, en bénéficiera courant septembre.


Menée par le Dr Julie Vibert, radiologue et responsable de l’unité de sénologie, l’intervention a été réalisée sous anesthésie locale et en ambulatoire, limitant de fait la durée de prise en charge du patient et le risque de complications. 
« La technique est simple, rapide et très peu invasive, explique le médecin. Elle consiste à effectuer, sous contrôle échographique, à dix minutes d’intervalle, deux injections d’azote liquide dans la tumeur cible. » « Le refroidissement ainsi opéré, confirme le 
Dr Nathalie Bourneton, chirurgien gynécologue, entraîne la formation d’un glaçon qui prend la tumeur au piège et détruit les cellules cancéreuses. » Lesquelles cellules mortes sont progressivement évacuées par l’organisme et le système immunitaire.


Désescalade thérapeutique

Pour l’heure essentiellement préconisée dans le traitement de tumeurs de petite taille et peu agressives, la cryoablation est également proposée en priorité à des patientes âgées, hostiles à l’intervention chirurgicale et/ou sensibles aux effets de l’anesthésie générale. 
« Mais ce champ d’investigation pourrait s’élargir », prévient Julie Vibert, dont le service a été retenu pour participer, à l’initiative du prestigieux Institut Curie, à un programme de recherche clinique en cancérologie sur l’utilisation de la cryothérapie dans le traitement des tumeurs du sein les moins agressives. « Ce programme, souligne le 
Dr Margaux Court, radiologue et investigateur local du projet, sera plus précisément chargé de déterminer si, oui ou non, l’efficacité de cette pratique est inférieure à celle de la chirurgie de référence et si, dans un but de désescalade thérapeutique, elle peut en constituer une alternative fiable et éprouvée. » L’étude multicentrique lancée en 2026 prévoit d’ores et déjà la mise en place de protocoles accessibles à des patientes volontaires dès 60 ans. 


DR CHU de Poitiers

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