CHU : RTT en sursis, primes en danger

Evelyne Tagault, secrétaire général de FO-CHU, le confirme : les agents hospitaliers ont de plus en plus de mal à prendre leurs jours de congés. Aujourd’hui, c’est leur prime de fin d’année qui est menacée. Entretien…

Nicolas Boursier

Le7.info

Nous évoquions, dans le n°105, de « 7 à Poitiers », les difficultés rencontrées par les personnels du CHU de Poitiers à prendre leurs RTT. Est-ce un constat que les syndicats dressent également ?
« Compte tenu de la restriction des effectifs et de l’accroissement des charges de travail, un vrai fossé se creuse. Les comptes épargne temps explosent et on ne peut rien faire contre, au risque de mettre en péril l‘équilibre des services. Prenez les infirmières. On annonce partout que vingt postes sont à pourvoir. Mais en réalité, ce sont trente-cinq. Nos personnels sont fatigués, car on leur demande toujours plus. Et maintenant, voilà qu’on veut leur supprimer leur prime de fin d’année. »

De quelle prime s’agit-il ?
« Chaque fin d’année, les agents titulaires de la fonction publique hospitalière se voient attribuer une prime de notation, une tenant compte de l’ancienneté et une troisième, dite de service. Son reliquat est réparti entre tous les fonctionnaires n’ayant pas pris plus de 11 jours d’arrêt de maladie ordinaire dans l’année.
Or, lors du dernier comité technique d’établissement du mois de décembre, la direction nous a fait savoir qu’à partir de 2012, ne pourraient bénéficier de cette prime que ceux qui n’auraient consommé qu’un maximum de 3 jours d’arrêt maladie. Et encore faudra-t-il qu’aucun des 12 jours pour enfants malades, 3 de décès et 5 de mariage ou pacs, auxquels nous avons droit, ne soit utilisé.
»

C’est pourquoi vous parlez de « prime du mérite » ?
« Tout à fait. Celui qui, aujourd’hui, compte trois jours d’absence dus à la maladie ne touche que 53€ de plus sur la prime que l’agent à 11 jours d'absence. Comme si les arrêts maladie étaient des congés de complaisance. Avec la tolérance zéro, on touche le fond. C'est déjà le cas avec cette obligation faite aux agents du CHU de ne se faire hospitaliser qu'au CHU ou à Laborit. Si on a le malheur de choisir un autre établissement, on perd notre prime. FO, comme la CFDT, la CGT et la CNI, ont voté contre ce projet. Nous attendons désormais l’arbitrage du Comité d’hygiène et de sécurité. »

 

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