
Hier
Suite à l’incendie volontaire, dans la nuit de samedi à dimanche, de « Save our souls (SOS)", l’une des œuvres emblématiques de l’exposition contemporaine Traversées/Kimsooja, installée devant le baptistère Saint-Jean, le maire de Poitiers, Alain Claeys, a souhaité réagir sur le site de la mairie. « Au-delà de la tristesse qui m’anime, il y a l’incompréhension. Une œuvre d’art est l’expression libre d’un créateur. Elle n’a pas pour ambition de changer le monde ni en résoudre les problèmes : c’est un point de vue, subjectif, sensible, qui peut nous interroger sur notre société. Si l’artiste est libre dans son acte de création, le spectateur est tout autant libre de penser ce qu’il veut. Il est d’ailleurs sain qu’une œuvre d’art suscite des émotions, des opinions et des réactions. Mais détruire une œuvre d’art, c’est empêcher, supprimer toute possibilité de réfléchir, d’échanger ou de débattre. Dans la perspective du Baptistère Saint-Jean, l’œuvre d’Achilleas Souras est bien à sa place, en écho à l’édifice du 5e siècle qui célébrait naissances et baptêmes. Cet abri de fortune, gigantesque igloo multicolore, est fait de gilets de sauvetage, ramassés par le jeune artiste grec sur les plages de l’île de Lesbos au plus fort de la crise des migrants. Tout un symbole. Etre né ici ou ailleurs n’amène pas au même destin, à la même vie. Mes pensées vont à l’artiste, aux Poitevins, à tous les citoyens qui sont, je le sais, indignés. Poitiers est tout le contraire de cet acte odieux et scandaleux : une ville de débats et d’ouverture. Par une décision entre la Ville et l’artiste, l’œuvre sera exposée en l’état jusqu’à la fin de Traversées / Kimsooja, avec une explication de sa dégradation. Parce que l’art doit continuer à être libre et pouvoir toucher le plus grand nombre. »
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