Le cœur des hommes

Ce devait être la saison de la reconstruction, ce fut celle du triomphe. En offrant au volley poitevin le deuxième sacre de son histoire, Février, Lecat et les leurs ont défié bien des pronostics. Et prouvé que face à la tempête, la cohésion était une règle d’or.

Nicolas Boursier

Le7.info

L’effusion fut belle à pleurer. A l’image d’une finale marquée au fer rouge de la détermination et du jusqu’au-boutisme. Entre soulagements expectorés et larmes à peine refoulées, toute une équipe, tout un club, toute une ville ont chaviré dans le même bonheur de l’exultation.
Le sommet de Coubertin a levé le voile sur un moment rare de frénésie collective, entretenue, deux heures durant, par deux kops en fusion et deux équipes fondues dans le même moule du sport-spectacle. Quelle formidable promotion pour le volley tricolore que ce Poitiers-Tours dantesque. Quelle belle récompense, encore, pour la Ligue et la Fédé d’avoir -enfin- osé l’affrontement unique. Quelle somptueuse consécration, surtout, pour tout le travail effectué par Olivier Lecat et David Pomarède depuis cinq ans. 
L’équipe dirigeante, elle, n’est en place que depuis quelques mois. Mais tous les superlatifs ne suffiront pas à exprimer la grandeur de son investissement. La dette à apurer, les six mois de suspension de Nicolas Maréchal à digérer, les deux points retirés au classement par la Ligue et l’interdiction de recruter brandie comme une sentence divine auraient pu, auraient dû enterrer ses illusions. Ils n’ont fait que les renforcer. « Ce titre marque pour beaucoup le début d’une nouvelle ère, jubile Thierry Février. Pour le staff et moi-même, il n’est que le premier couronnement d’une incroyable aventure humaine. »

112 000€ de résultat


Le président poitevin risque de mettre quelques jours à redescendre sur terre. Il n’en reste pas moins lucide devant la tâche qui s’annonce. « Quand on devient champion, on se doit de faire aussi bien la  saison suivante. Et ça… » Avec des moyens financiers contraints par un remboursement sur trois ans de la dette accumulée, Poitiers Volley ne pourra encore agir à la hauteur de ses ambitions intimes. « Nous devons simplement nous montrer patients, convient Thierry Février. Nous dégageons cette année un résultat positif de 112 000€, qui doit nous aider à aller de l’avant et à envisager sereinement notre passage devant la DNACG, le 24 mai.. Il est toutefois certain que nous ne pourrons faire de folie sur le marché des transferts. »
Ces entraves financières ont déjà coûté au club le renouvellement du bail de son leader d’attaque, Antonin Rouzier, charmé par les sirènes du très attractif championnat polonais. Et après ? « Notre but,insiste le président, c’est de garder tout le monde. Andre Lopes, Stéphane Alpha, Jérémy Audric, c’est  fait. Il reste quelques points de détails, mais les discussions sont en très bonne voie avec tous les autres. »

Rouzier et Rivera en moins

Un successeur à Rouzier aurait même déjà été trouvé. « Un étranger, je ne peux pas en dire plus pour l’instant. » Seule autre certitude, négative celle-là : Poitiers devrait, sauf rebondissement de dernière minute,  se séparer de son stabilisateur portoricain Viktor Rivera, dont on savait déjà qu’il souhaitait retrouver le championnat de son pays natal. « Je vous le dis, assène Thierry Février, nous aurons encore une super équipe, pour défendre le titre et briller en Ligue des Champions. » Une équipe d’hommes, dont la solidarité s’est affichée au grand jour pendant neuf mois d’une campagne épique. Et d’une apothéose que nul n’est près d’oublier. Hier était sublime. Vivement demain…
 

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