Tricot : « DSK, je n’y crois pas ! »

Engagé, depuis deux mois, dans l’investiture aux primaires socialistes, Aurélien Tricot s’avoue « abasourdi » par l’affaire Strauss-Kahn. Quelle que soit l’issue du procès du désormais ex-directeur général du FMI, son avenir en politique est, selon le vice-président de Grand Poitiers et adjoint aux Sports à la Mairie, « sérieusement compromis ».

Nicolas Boursier

Le7.info

Aurélien Tricot, quelle a été votre première réaction à l’annonce de l’inculpation de Dominique Strauss-Kahn pour « agression sexuelle, séquestration et tentative de viol » ?

« Je me suis vu revenir neuf ans en arrière. Fin avril 2002, dans le cataclysme de l’échec de la Gauche aux présidentielles et de la montée du Front National. J’étais et je suis encore abasourdi. Je ne juge pas l’homme, ce n’est pas mon rôle, mais il est indéniable que cette histoire nous fait du tort. J’ai hâte que l’on sorte de ce tunnel. Je ne veux pas croire qu’il ait été l’un de nos grands leaders et qu’il soit responsable de tels actes. Non, je n’y crois pas. »

Le PS se prépare à des primaires très « ouvertes ». L’affaire DSK peut-elle changer la donne ?

«  Cette affaire, quelle qu’en soit l’issue, laisse à penser qu’il ne sera malheureusement pas dans la course… »

Malheureusement ?

« Soyons sérieux. Ce qui arrive à DSK n’est pas bon pour la politique française, et pas bon du tout pour le Parti Socialiste. Depuis des mois, nous sommes suspendus à sa décision d’y aller ou pas. Il a été souvent présenté, abusivement à mon goût, comme le messie, seul « poids lourd » capable de rassembler tous les socialistes et de battre Sarkozy. Aujourd’hui, il faut se rendre à l’évidence : le PS devra faire sans lui. »

Pendant ce temps, Martin Aubry sonne le ralliement. Ce mardi, c’est même au côté de Ségolène Royal qu’elle s’affiche, pour prôner l’union sacrée. Cela vous inspire quoi ?

« Toutes les actions menées dans les intérêts du PS et de la cohésion socialiste sont bonnes à prendre. J’espère simplement que ce ne sont pas des ralliements de façade. Si j’ai personnellement décidé de me porter candidat, c’est justement pour rompre avec l’ère des promesses non tenues et des projets non concertés. Ces primaires doivent servir l’émergence d’idées neuves, portées par la connaissance des réalités de terrain et la prise en compte des besoins de nos concitoyens par des gens neufs. Mes proposition sur la mixité sociale dans les logements, l’accès des jeunes à l’emploi, la contribution nationale (…) sont totalement inédits et vont dans le sens de ce que je défends depuis toujours : une société de droits et de devoirs. J’ai la faiblesse de croire que celui qui sera élu saura accorder à tous les candidats aux primaires une vraie écoute. Pour faire avancer un projet constructif et cohérent. »

La candidature d’un « jeune loup » de 35 ans a-t-elle suscité quelques grincements de dents ?

« Quelques inimitiés, aussi ! Et alors, faut-il que je renonce ? Le grand mérite de la majorité des candidats, c’est qu’ils ont trente ans de politique derrière eux. Et moi je n’ai qu’une trentaine d’années de vie… On nous martèle que les jeunes doivent se prendre en mains, s’impliquer dans la société. Je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas le cas en politique. L’expérience du pouvoir, je ne l’ai pas. Mais j’ai celle du terrain. Entre nous, qu’est-ce que François Hollande connaît de plus que moi à l’appareil d’Etat ? Lui non plus n’a pas été ministre .Cette vision du renouvellement ne peut pas s’inscrire que dans les paroles. Au-delà de trois mandats successifs de maire, député ou sénateur, on devrait céder la place. »

 

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