Région et Etat en mal<br> de dialogue

Venu cet après-midi présenter aux conseillers régionaux le bilan annuel du contrat de projet Etat-Région, le préfet Bernard Tomasini en a profité pour régler ses comptes avec Ségolène Royal. Sans langue de bois.

Romain Mudrak

Le7.info

Entre Bernard Tomasini et Ségolène Royal, le torchon brûle toujours. Le sourire était crispé et la poignée de main hésitante lorsque la présidente du Conseil régional a accueilli, dans son antre, le préfet de la Vienne et de région. En présenta les réalisations du Contrat de projet Etat-Région (CPER) en 2010, ce dernier est très vite entré dans le vif du sujet : « Pourquoi vous cacher que je regrette un dialogue insuffisant, qui réduit considérablement l'effet levier attendu par nos concitoyens sur l'utilisation des fonds publics issus de leurs impôts? »

Seuls les partenariats sur les constructions de bâtiments universitaires et la modernisation de la ligne Poitiers-Limoges trouvent grâce à ses yeux. Face aux critiques fustigeant le désengagement de l'Etat, il a assuré que « pour 2010, ce ne sont pas moins de 5,7 milliards d’euros qui ont été injectés, contre 5,5 en 2009 et 5,2 en 2008. » « Ces chiffres sont incontestables et les faits constatables », a martelé Bernard Tomasini.

D'une menace à l'autre

Pour illustrer son propos sur le manque de dialogue, le préfet a dénoncé le soutien apporté par la Région à son pôle des Eco-Industries, qui n'était pas labellisé, au détriment d'un autre pôle de compétitivité « Mobilité et Transports avancés », porté par le Département de la Vienne... à droite sur l'échiquier politique. Bernard Tomasini est ensuite revenu sur le financement de la Ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux en indiquant qu'« une revisitation d'un certain nombre de crédits serait opérée », dans le cadre du CPER, vis-à-vis des collectivités qui ont refusé de contribuer à ce chantier (Région Poitou-Charentes, Conseil général des Deux-Sèvres et agglomération de Niort en tête).

Quelques heures plus tôt, au cours d'un déjeuner de presse, le préfet s'était montré encore plus direct : « L’Etat a appliqué à la lettre les préconisations de la loi Gayssot sur le financement des grandes infrastructures. Qui était dans le gouvernement au moment du vote de cette loi ? Madame Royal ! Tout le monde avait applaudi en parlant d’une mesure d’équité car il s’agit d’infrastructures d’intérêt national. Le Conseil régional a signé par deux fois, en 2007 et 2009, des accords de principe sur le financement direct de la ligne. Quand on lui a présenté la convention, il a dit non… » Réponse de Ségolène Royal sur les menaces de sanctions : « Le CPER est un contrat signé entre l'Etat et la Région. Il ne peut être détourné. Toute mesure de rétorsion donnera lieu à des suites judiciaires. » Ambiance...





La Région doit montrer l'exemple

Une centaine de personnels du Conseil régional a manifesté en marge de la session. Ces agents revendiquent notamment une « négociation salariale, inexistante depuis 2004 ». « Le problème est dans toutes les collectivités mais il paraît que la Région fait mieux que tout le monde. Il faut que Ségolène Royal montre l'exemple », ont-ils indiqué.

À lire aussi ...