Disparition inquiétante : <br>la fin justifie les moyens

Chaque année, dans la Vienne, le Procureur de la République ouvre deux cents procédures judiciaires pour disparition inquiétante. Un dispositif qui mobilise d’importants moyens d’investigation. Illustration avec « l’affaire Loubna », cette jeune femme de 19 ans, volatilisée pendant six jours.

Arnault Varanne

Le7.info

Elle a frappé à la porte de l’appartement familial, le jeudi 30 juin vers 1h du matin allée de Marigny. Après six jours d’une errance entourée de mystères (*), Loubna est réapparue de manière inattendue, « prostrée », « amaigrie » et « un peu déshydratée ». La jeune étudiante de 19 ans, décrite comme « perturbée » par le Parquet, fut à son corps défendant au centre d’un intense battage médiatico-judiciaire. « Nous avons mobilisé d’importants moyens pour la retrouver, confirme le Procureur de la République, Pierre Sennes. Mais l’enquête n’est pas terminée, il faut maintenant rechercher les causes de son absence… »

Avant l’entrée en vigueur de l’article 74-1 de la loi du 9 septembre 2002, la disparition inquiétante de la jeune adulte aurait sans doute moins focalisé l’attention. « Par le passé, nous avions des difficultés à traiter ce genre d’affaires, car les pouvoirs d’investigations des services de police et gendarmerie sont en général liés à une enquête judiciaire, lorsqu’un crime ou un délit est commis. » Mais à partir du moment où un majeur décide de s’évanouir dans la nature, qui peut l’en empêcher ? 


Au cas par cas


La réponse se trouve dans ce fameux article du code pénal. La disparition présente « un caractère inquiétant ou suspect au regard des circonstances, de l’âge de l’intéressé ou de son état de santé », appuie le Procureur de la République. Dans le cas de Loubna, Pierre Sennes a déclenché la procédure le lendemain de sa disparition, jugeant la jeune femme « perturbée ». Jusqu’à quinze policiers du commissariat de Poitiers se sont attelés pour retrouver sa trace, à partir des éléments recueillis auprès de sa mère. 

Auditions de ses proches, recherche sur des téléphones portables, appel  à témoins dans la presse, réquisition d’un chien renifleur du service de Versailles… Sur le terrain, tous les moyens humains et techniques ont été déployés. Jusqu’à la demande d’un examen médico-légal par un médecin légiste du CHU de Poitiers. « Dans certaines affaires, nous utilisons même le système de recherches ADN. » Dans la circonstance, ce ne fut pas nécessaire, même si le Procureur de la République s’apprêtait à ouvrir une information judiciaire -pour prolonger au-delà de huit jours le dispositif- lorsque Loubna a frappé à la porte de l’appartement familial. Un heureux dénouement…


(*) Entendue par la police, elle dit avoir été victime d'un malaise et s'être réfugiée dans un local qui demeure introuvable.

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Ces personnes qu’on recherche…
Au cours du premier semestre 2011, quinze personnes ont disparu de la circulation dans la Vienne. Leurs proches ont sollicité la Préfecture de la Vienne pour enclencher le dispositif de « Recherche dans l’intérêt des familles ». Dans la moitié des cas, police nationale et gendarmerie ont retrouvé trace des disparus. Mais certains ne consentent pas à donner leurs coordonnées à leur famille, préférant changer de vie pour des raisons personnes. En toute légalité…En général, des enquêtes sont diligentées pendant six mois, d’abord à l’échelle régionale puis partout en France. 

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